Ce mardi matin au procès des attentats de Bruxelles, plusieurs victimes sont venues témoigner suite à la perte d’un ou d’une de leur proche dans l’attentat de Maelbeek. Des hommages dignes et poignants livrés avec une émotion parfois dure à contenir.
" J’ai longuement réfléchi au fait de venir témoigner aujourd’hui ou non ". Anna Panasewicz, 42 ans, s’exprime d’une petite voix tremblante. Malgré sa douleur, elle a décidé de venir pour faire honneur à sa maman, Janina, devant le jury de la cour d’assises. " Elle était toujours souriante, jamais fâchée sur les gens. C’était une grande dame, gentille et serviable.
"Aujourd’hui (21 mars), cela fait exactement 7 ans que je parlais à ma maman pour la dernière fois " explique émue Anna Panasewicz. La jeune femme était alors enceinte de son deuxième enfant. Elle se souvient que sa maman lui parlait déjà à travers le ventre : "Bonjour, c’est ta mamy !".
Le 22 mars 2016, Janina Panasewicz prend le métro pour déposer ses titres services à l’agence où elle travaille. Elle doit partir quelques jours en Pologne le lendemain. Elle refuse de s’attarder pour un café, ne voulant être en retard chez ses clients du jour. Elle n’arrivera jamais à bon port.
A la morgue, j’ai juste vu un sac en plastique
Un cauchemar commence pour sa fille qui ne perd pas espoir dans les premières heures. " Nous avons trouvé son appartement vide, avec sa valise prête pour partir ".
Ce n’est qu’après plusieurs jours d'attente que la mort de Janina est confirmée. N’ayant pas de dossier médical en Belgique, elle est parmi les dernières victimes identifiées. Il ne subsiste qu’une petite partie de son corps, le reste a été détruit par l’explosion. "A la morgue, j’ai juste vu un sac en plastique. Mon papa m’avait dit de choisir le plus beau vêtement pour maman mais elle n’a pas eu l’honneur de le porter " regrette Anna.
Quelques photos sont projetées sur les grands écrans de la salle d’audience. Janina affiche un sourire radieux en toutes circonstances. En balade dans les rues de Bruxelles, en week-end à la mer avec son époux, lors des nombreuses fêtes de famille entourées de ses petits-enfants.
Quand c’est trop dur, je prends ses châles dans mes bras
Janina est venue en Belgique après avoir perdu son travail en Pologne. " Pour acheter son ticket de bus, mes parents ont dû emprunter de l’argent aux voisins " confie Anna qui, adolescente, n’avait pas bien compris le départ de sa maman vers l’autre bout de l’Europe. " J’ai compris plus tard qu’elle l’avait fait pour nous ". Adulte, Anna va d’ailleurs rejoindre sa maman en Belgique. Mère et fille deviendront encore plus proches suite à la naissance de Sarah. " Depuis que sa petite-fille est née, maman était présente tout le temps pour nous. Son monde, c’était Sarah. Elles étaient très proches ".
Anna Panasewicz décrit une douleur comme au premier jour. Et le manque de sa maman au quotidien. " Quand c’est trop dur, je prends ses châles que j’ai gardés dans mes bras ".
Cette disparition brutale a aussi été très difficile pour sa petite-fille Sarah qui a vécu les journées de recherche et l’annonce du décès suite au 22 mars. " Après les attentats, Sarah faisait des crises d’angoisse. Tous les soirs, elle vomissait. Il n’y avait plus moyen de la mettre au lit ".
Janina a été enterrée le premier avril 2016 en présence de ses proches et de nombreuses familles et enfants qu’elle babysittait. " Ils l’appelaient Grana, notre grand-mère à tous ".