Justice

Procès des attentats de Bruxelles : Salah Abdeslam affirme avoir été frappé par un policier durant son transfert

L’accusé Salah Abdeslam lors d’une séance du procès des attentats du 22 mars 2016 à la cour d’assises de Bruxelles-Capitale, lundi 12 décembre 2022 sur le site de Justitia à Haren, à Bruxelles (illustration)

© Tous droits réservés

Me Delphine Paci a pris la parole mercredi matin à l’ouverture de l’audience au procès des attentats du 22 mars 2016 pour dénoncer des violences policières durant le transfert de son client, Salah Abdeslam, depuis la prison de Haren.

M. Abdeslam a été frappé à la lèvre. Ce n’est plus possible !

Fouille à nu

Salah Abdeslam a indiqué à la cour avoir été tenu par trois policiers et avoir reçu un coup de poing au visage de la part d’un policier qui procédait à sa fouille à nu. L'avocate a ensuite demandé à son client d'expliquer l'incident dont il avait été victime. "J'ai subi des violences, c'était ignoble la façon dont on m'a traité", a expliqué Salah Abdeslam devant la cour. "Il y a des policiers qui nous traitent avec un minimum de respect, mais il y en a d'autres qui profitent du pouvoir qu'ils ont pour laisser libre cours à leur animosité, leur haine. Au moment de la fouille, on m'a demandé de regarder le mur, j'ai dit : 'ça ne s'est pas passé comme ça hier' et j'ai demandé à voir le chef, avec qui ça se passe bien. Là, le policier a pris l'initiative de me rentrer dedans, ils étaient à trois sur moi", a-t-il raconté. "J'ai résisté sans utiliser la violence et là, le gars me donne une pêche", a poursuivi l'accusé. "Ensuite, le chef est arrivé. Il a vu que j'étais très calme et il a dit de me relâcher et qu'on allait me mettre quelqu'un d'autre" pour procéder à la fouille.

Le policier a pris l'initiative de me rentrer dedans, ils étaient à trois sur moi

Médecin légiste

Me Paci a dès lors demandé à la présidente d’acter la déclaration de son client et de faire venir un médecin légiste pour constater ses blessures. "M. Abdeslam a été frappé à la lèvre. Ce n’est plus possible !", a lancé la pénaliste. "On a un souci de violence majeur avec les personnes encagoulées dans le box", en référence aux policiers qui encadrent les accusés dans la cour d’assises.

Le parquet a alors rappelé que la présomption d'innocence devait valoir pour tout le monde, y compris les policiers, et qu'il fallait voir "si la violence employée l'avait été dans une mesure acceptable". "La police va sans doute rédiger un PV pour rébellion", a ajouté le procureur fédéral Bernard Michel. "Évidemment qu'il va y avoir un procès-verbal pour rébellion", a répondu l'avocate. "C'est une technique archi-connue de la police."

Me Paci s'est dite choquée de ces propos, s'indignant que "nier les violences policières, c'est comme nier les violences faites aux femmes".

Incidents à répétition

Le procureur fédéral Bernard Michel a pour sa part expliqué s’être adressé à l’accusé pour lui demander s’il allait bien. "Il a dit oui et je n’ai pas constaté de traces." Ce à quoi la défense a répondu que son client présentait une blessure à l’intérieur de la bouche, qui n’était donc pas visible.

On a un souci de violence majeur avec les personnes encagoulées dans le box

Salah Abdeslam s’est ensuite excusé auprès des victimes, qui ne sont "pas venues ici pour entendre ce genre de choses, mais il faut les dire". "Je n’ai d’abord pas voulu aborder cet incident par pudeur, pour ne pas interrompre l’audience et par respect pour les victimes." Mais "les incidents ne cessent de se répéter, si ce n’est pas avec moi c’est avec un autre."

Sur le même thème : Extrait Matin Première (09/01/2023)

L'invité de Matin Première : Stanislas Eskenazi, avocat de Mohamed Abrini

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous