Le besoin de témoigner, d’être actif
Après le déni, Pierre-Yves Desaive a ressenti le besoin d’être dans l’action. Lors du procès, il est reconnu comme partie civile. Il se rend très régulièrement aux audiences. Il a aussi fait le choix de témoigner devant la cour d’assises. Il explique son cheminement : "Cela fait partie d’un processus actif. Le but est de ne pas rester dans le passif, de ne pas rester avec le statut de victime". Et d’ajouter : "Le moment du témoignage est important. C’est un moment dans lequel je vais vraiment sceller la vérité. En tout cas, ma vérité. Celle que j’ai vécue".
Alors depuis plusieurs semaines, Pierre-Yves Desaive réfléchit à cette prise de parole. La présidente de la cour d’assises a insisté sur le côté oral de la procédure en cour d’assises. Elle encourage donc les victimes à venir témoigner sans texte écrit à l’avance, mais cette consigne dérange. "Cela donne le sentiment d’une totale improvisation. On a vraiment l’impression d’aller dans l’inconnu", regrette Pierre-Yves Desaive.
Même si ce survivant se demande encore et toujours quelle est sa légitimité à s’exprimer, lui qui s’en est sorti indemne, il tient à éclairer le jury sur les conséquences de l’attentat. "Cela ne peut pas être exprimé par les enquêteurs ou par les premiers intervenants. Ça ne peut être exprimé que par les victimes, les personnes qui étaient sur place", estime-t-il.
Enfin, il souhaite souligner le manque de préparation des autorités à l’époque : "Rien n’était prêt. Il n’y avait aucun plan d’évacuation. Les militaires étaient là, mais ils n’avaient aucune indication à nous donner. On a vraiment été laissé à notre sort jusqu’à ce que les secours arrivent".
Heureusement, dans ces quelques minutes d’enfer, Pierre-Yves Desaive se souvient des gestes du personnel navigant : "Ces personnes se sont improvisé sauveteurs et sauveteuses, elles ont eu des gestes extraordinaires et, pourtant, on les a souvent oubliées".
Deux semaines sont prévues à l’agenda pour les victimes de Zaventem. Ensuite, deux semaines pour les victimes du métro Maelbeek. Pour les victimes, c’est enfin le moment de déposer leur récit. Un moment qui sera certainement très difficile, mais nécessaire pour leur reconstruction.