Justice

Procès des attentats de Bruxelles : les nombreux allers-retours des accusés dans l’appartement de la rue des Casernes

Khalid El Bakraoui le matin du 22 mars 2016 avec la bombe dans son sac à dos

© RTBF

Avenue des Casernes, 39 à Etterbeek. C’est une des planques des terroristes. Celle depuis laquelle Khalid El Bakraoui et Osama Krayem sont partis le 22 mars 2016 pour se rendre dans le métro. Plusieurs accusés du procès des attentats de Bruxelles ont fréquenté cette adresse entre octobre 2015 et fin mars 2016. Coup de chance pour les enquêteurs, plusieurs caméras de surveillance sont installées dans l’immeuble et ont enregistré toutes leurs allées et venues.

Octobre 2015

À l’origine, cet appartement est loué par Smaïl Farisi, un des deux accusés qui comparait libre au procès. De son propre aveu, il s’y rend pour dormir lorsqu’il est saoul : "J’ai eu beaucoup de problèmes avec l’alcool par le passé et je me rendais là-bas pour dormir pour que mes parents ne me voient pas comme ça".

Le 3 octobre, Ali El Haddad Asufi, un autre accusé de ce dossier, se rend avec Ibrahim El Bakraoui, un des terroristes de Zaventem, à l’adresse d’Etterbeek pour visiter le studio. Les trois hommes se connaissent, ils se sont fréquentés dans une école d'Ixelles.

Ibrahim El Bakraoui emménage le lendemain. Sur les images des caméras de surveillance, on le voit arriver avec des sacs et des couvertures. Il est régulièrement accompagné par Ali El Haddad Asufi qui apporte, lui aussi, des sacs et des cartons d’affaires.

Ibrahim El Bakraoui apporte ses affaires
Ibrahim El Bakraoui apporte ses affaires © RTBF

Pendant toute cette période, Smail Farisi vient régulièrement relever sa boîte aux lettres.

Aux enquêteurs, il déclare après les attentats : "J’ai accepté d’héberger Ibrahim même si je ne l’avais pas revu depuis des années. J’ai dit qu’il n’y avait pas de problème s’il était dans le besoin. J’ai voulu l’héberger de bon cœur, pas pour qu’il fasse des attentats terroristes. Je n’ai jamais été au courant de leurs projets".

La semaine avant les attentats

Quelques jours avant les attentats, plusieurs accusés passent encore à l’appartement. Le 16 mars 2016, Bilal El Makhoukhi accompagne Khalid El Bakraoui. Les deux hommes ne restent que quelques minutes sur place. Le même jour, Osama Krayem vient s’y installer.

Toujours le 16 mars, les visages de Khalid et Ibrahim El Bakraoui paraissent dans la presse. Le lien est dressé entre le groupe terroriste État Islamique et les frères El Bakraoui.

Lorsque les enquêteurs demandent à Smaïl Farisi pourquoi il n’a rien fait après la parution de ces informations dans la presse, il répond : "C’est la plus mauvaise décision que j’ai prise de ma vie. J’étais dans le doute. J’ai réagi comme un enfant. Khalid m’a dit que lui et son frère étaient dans le grand banditisme et qu’on essayait de leur mettre ça sur le dos".

21 mars 2016

La veille du jour des attentats, Smaïl Farisi vient plusieurs fois sur place. Comme à son habitude, il relève son courrier.

Dans l'après-midi, Osama Krayem se rend dans le centre commercial City 2 et achète deux sacs à dos de randonnée chez Sport Direct. Dans la nuit, il effectue deux trajets pour ramener les sacs à dos qui contiennent désormais les bombes.

22 mars 2016

Le matin du 22 mars, il est 8h19 lorsque Khalid El Bakraoui et Osama Krayem sortent de l’ascenseur. Ils portent, chacun, un gros sac à dos dans lequel est cachée leur bombe.

Khalid El Bakraoui et Osama Krayem quittent l’immeuble avec leur bombe pour se rendre dans le métro
Khalid El Bakraoui et Osama Krayem quittent l’immeuble avec leur bombe pour se rendre dans le métro © RTBF

À 9h42, Osama Krayem revient dans l’immeuble. Il porte toujours son sac à dos. On sait qu’il monte dans l’appartement et qu’il va y détruire sa bombe. Il explique en audition : "J’ai sorti la bombe du sac à dos, je l’ai ouverte. J’ai utilisé un plat en plastique pour transvaser la poudre vers les WC. Cela m’a pris une vingtaine de minutes car je devais attendre que la chasse se remplisse d’eau".

Il est 11h05 lorsqu’Osama Krayem repasse devant la caméra de surveillance du hall d’entrée. Il prend la direction de l’appartement d’Hervé Bayingana Muhirwa, un autre accusé de ce procès.

Dans l’après-midi, Smaïl Farisi se rend à l’appartement. Il déclare en audition qu’il ne remarque rien de particulier, mais "qu’il y avait une odeur de musc".

23 mars 2016

Le lendemain des attentats, vers 11h, Smaïl Farisi et son petit frère Ibrahim Farisi viennent faire le ménage. Ils font plusieurs allers-retours avec des sacs-poubelles, des valises, des matelas. Ils vident l’appartement et changent les serrures.

Les frères Farisi vident le studio de la rue des Casernes après les attentats
Les frères Farisi vident le studio de la rue des Casernes après les attentats © RTBF

Sur ce déménagement, Ibrahim Farisi déclare aux enquêteurs : "J’ai juste aidé mon frère à déménager. Il m’avait déjà aidé en me logeant dans le passé. Il ne s’agit pas d’un ami, c’est mon frère. Je n’ai rien à voir avec tout ça. Je n’ai aucun lien avec les membres de ce dossier".

Quant aux activités qui avaient lieu dans ce studio, Smaïl Farisi déclare en audition que les sujets de conversations étaient anodins : "On n’a jamais parlé des attentats de Paris avec Ibrahim [El Bakraoui]. Il n’y avait rien dans l’appartement qui pouvait nous raccrocher à ces faits". Et il ajoute : "J’étais comme qui dirait spectateur de ma vie et de tout ce qui m’arrivait avec mon appartement. Khalid [El Bakraoui] m’avait qu’il partirait le 22 mars".

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