Mimouna Amri est une victime de l’attentat dans le métro. Elle a assisté à cette première audience avec une boule de stress coincée dans la gorge. "Je suis très stressée, même si ça fait une semaine que je me prépare avec mon avocat", nous souffle-t-elle, épaulée par Vinciane Vekeman, assistante de justice. Un dialogue se lie entre les deux femmes. "J’ai été prise en charge par le service d’aide aux victimes, je me sens rassurée", glisse Mimouna Amri. Vinciane Vekeman précise : "Oui, il y a un travail qui est fait en amont. On fournit des explications sur l’évolution de la procédure, sur chaque étape".
Avant de quitter le bâtiment du Justitia pour rejoindre ses enfants, Mimouna Amri sourit : "Quand je les vois avec leur chasuble bleue, je me sens rassurée. C’est un peu comme ma deuxième famille. Ils nous accompagnent, nous parlent. Ça nous donne de la force pour commencer ce procès".
Un travail entamé dès le 22 mars 2016
Les assistants de justice n’ont pas attendu le début du procès pour accompagner et guider les victimes. Leur travail a commencé le jour des attentats. Et depuis, de nombreuses étapes se sont enchaînées. Pascale Preudhomme : "Le premier jour, on a interpellé les magistrats pour être sûr d’être saisi du dossier. Ensuite, nous avons rencontré les juges d’instruction. Nous avons accompagné les victimes lors de leur constitution en partie civile. Nous avons organisé des rencontres avec les assurances, nous avons accompagné les victimes lors des visionnages des images de vidéosurveillance, lors de la lecture du dossier et lors de la reconstitution d’objets personnels. Nous étions également présents lors des commémorations", énumère l’assistante de justice.
Visionner les images de l’attentat
Au total, 105 visionnages ont été réalisés dans les bureaux du service d’accueil des victimes. Pour chaque victime qui le souhaitait, un travail de fourmi a été réalisé pour la retrouver sur les lieux de l’attentat. Sur base de souvenirs, comment la victime était habillée, où elle se trouvait, un petit clip vidéo a été extrait avec les images d’avant l’explosion et de l’explosion. Un travail réalisé avec beaucoup de respect et de pudeur.
En visionnant ces images, certaines victimes ont pu trouver des réponses. Pascale Preudhomme : "Après les attentats, les victimes se sont posé beaucoup de questions : "Comment ça s’est passé ? Où est-ce que j’étais ? Avec qui j’étais ? Qui était à côté de moi ? Est-ce que j’ai croisé les terroristes ?". Alors revoir les images, c’est une manière de se réapproprier les évènements". L’assistante sociale ajoute : "Cela a aussi permis aux victimes de mettre des mots sur des émotions et d’expliquer à leurs proches ce qui s’est passé. Pour certains, ça a permis de décoincer certaines situations".
Cela a aussi permis à certaines victimes de déculpabiliser. Pascale Preudhomme : "Certaines personnes se reprochaient de n’avoir rien fait, d’être restées tétanisées. Mais quand elles ont vu les images, elles ont compris qu’elles n’auraient rien pu faire. Tout a été tellement vite".
Récupérer des objets personnels