Justice

Procès des attentats de Bruxelles : le témoignage précieux du chauffeur de taxi qui a emmené les terroristes à l’aéroport

Le taxi qui a véhiculé les trois terroristes de Zaventem

© RTBF

Ce matin, au procès des attentats de Bruxelles, un commissaire de la police judiciaire fédérale est venu raconter le témoignage du chauffeur de taxi qui a véhiculé les terroristes de Zaventem le 22 mars 2016. Peu de temps après l’attentat, l’homme s’est rendu à la police pour livrer son témoignage. Un témoignage extrêmement précieux qui a permis de retrouver une des planques des terroristes, mais aussi le fameux ordinateur avec les plans d’action pour les attentats de Paris et Bruxelles.

6h26 : un appel pour commander une course

Il est 6h26 lorsqu’un appel est passé à la centrale des Taxis Verts. La personne qui commande la course parle correctement français. D’après les enquêteurs, il s’agit de Najim Lachraaoui, un des trois terroristes de Zaventem. Il demande un véhicule de grande capacité : "C’est pour plusieurs personnes et il y a pas mal de bagages".

Le taxi arrive rue Max Roos à 7h08. Il s’agit d’un Volkswagen Caddy. Charles M., le chauffeur du taxi, se souvient : "Quand je suis arrivé sur place, je n'ai pas trouvé le nom sur la sonnette. J'ai appelé le dispatching pour avoir le numéro de téléphone du client. J'ai appelé deux fois, mais personne n'a décroché. J'étais prêt à repartir quand j'ai entendu quelqu'un dire depuis une fenêtre : "On arrive". Ensuite, trois hommes sont descendus avec une valise chacun. Chaque valise était identique. Un modèle long, pas très haut, en tissus de couleur noire".

Le chauffeur s’étonne de l’attitude de ses clients : "Lorsque j’ai voulu les aider à mettre les valises dans le coffre, ils ont refusé. Les valises semblaient lourdes, il y avait de la poudre blanche sur l’une d’entre elle et une odeur puante à base d’alcool".

Le chauffeur évoque également le contenu de la conversation au cours du trajet : "Ils me disent que les Américains ont emmené la violence dans le monde. À aucun moment, ils ne m’ont parlé de leur destination, du vol qu’ils devaient prendre".

7h33 : arrivée à l’aéroport

Il est 7h33 lorsque le taximan dépose ses passagers à la zone Kiss & Fly de l’aéroport. Là, encore, les trois hommes sortent les bagages du coffre eux-mêmes. Ibrahim El Bakraoui, l’un des terroristes, demande au chauffeur : "Est-ce qu’on va te retrouver ici ? Peut-être qu’on se reverra un jour". Ce sont les derniers mots entendus par le chauffeur de taxi.

Ensuite, Charles M. reprend la route. Il explique : "Je prends l’autoroute, j’ouvre les vitres en grand tellement ça puait dans ma voiture. Je ne voulais pas que mes clients suivants soient dérangés". Pendant la course suivante, il entend qu’il y a eu une explosion à l’aéroport. Tout de suite, il se dit : "J’ai l’intuition que ce sont les hommes que j’ai chargés". La dame qui est dans son taxi lui conseille de se rendre à la police.

J’ai l’intuition que ce sont les hommes que j’ai chargés

Après avoir déposé sa cliente place du jeu de balle, il se rend dans un commissariat. Il est 8h29 lorsqu’il est entendu par la police pendant près d’une heure.

Pendant ce temps, le véhicule du taximan est saisi pour les biens de l’enquête. Une recherche est effectuée sur la voiture à l’aide d’un chien dressé pour la détection de substance explosive et de précurseurs. Le chien ne détecte pas d’explosif, mais il renifle les sièges passagers avec plus d’insistance.

C’est ensuite au tour de la police technique et scientifique d’analyser le véhicule. Un travail qui doit aider à identifier le client qui n’a pas fait sauter sa bombe, celui qu’on a surnommé l’homme au chapeau, et qui est en fuite. Plus tard, on découvrira qu’il s’agit de Mohamed Abrini. Sur le moment, cette analyse par la police scientifique ne donne pas de résultat concluant. Non seulement parce que le "chien explo" est passé avant, mais aussi parce qu’il s’agit d’un taxi qui, par définition, transporte beaucoup de personnes différentes.

Des informations précieuses

Lors de son audition, le chauffeur de taxi a révélé l’adresse d’où sont partis les terroristes. Très vite, une perquisition est menée au numéro 4 de la rue Max Roos. Des explosifs et des armes sont découverts dans l’appartement.

C'est également dans cette rue que le fameux ordinateur HP sera retrouvé par du personnel de Bruxelles Propreté. Dans cet ordinateur, une arborescence et des fichiers qui montrent les plans de la cellule terroriste pour les attentats de Paris et de Bruxelles, mais aussi les testaments des terroristes.

Procès des attentats de Bruxelles : témoignage chauffeur de taxi (explications : P Michalle)

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