Cette après-midi, Me Delphine Paci, l’avocate de Salah Abdeslam, a présenté son acte de défense devant la cour d’assises de Bruxelles. Elle intervient juste après les cinq jours de lecture de l’acte d’accusation, le grand résumé de l’enquête qui reprend tous les éléments à charge et à décharge des accusés.
Avant de se lancer dans son acte de défense, Me Paci a souhaité expliquer pourquoi Salah Abdeslam est absent depuis hier. En effet, cela fait deux jours que l’accusé refuse de quitter sa cellule. "Il est malade et nous attendons qu’un médecin se rende à la prison de Haren", déclare l’avocate.
Me Paci s’adresse ensuite au jury : "Lors de ce procès, chacun s’identifiera, chacun aurait pu être à l’aéroport ou dans le métro, chacun aurait pu perdre un proche". Elle ajoute : "Ces attentats ont causé un traumatisme sociétal qui fait peser un poids énorme sur ce procès et sur notre État de droit".
L’avocate de la défense revient ensuite sur les adjectifs utilisés par les procureurs pour qualifier l’acte d’accusation : objectif et partial. Mais pour l’avocate, cet acte d’accusation a plus souvent paru subjectif. Notamment lorsque les procureurs avancent que Salah Abdeslam et Sofien Ayari, bien qu’en prison au moment des attentats, ont participé à leur mise en œuvre. "Cette thèse est contestée", rappelle l’avocate.
Me Paci demande aux jurés de toujours garder un esprit critique : "La narration du parquet n’est pas celle de la défense. Retenez que les accusés sont présumés innocents et que le doute doit leur profiter".
Ennemi public numéro 1
L’avocate de la défense aborde enfin le profil de son client : "Salah Abdeslam est présenté comme l’ennemi public numéro 1. Ses moindres faits et gestes sont scrutés comme s’il était le grand organisateur de ces attentats, mais nous rappelons qu’il n’est pas poursuivi comme dirigeant d’une organisation terroriste".
Me Delphine Paci ajoute : "Il ne faut pas confondre le procès de Paris avec celui de Bruxelles. Il ne faudrait pas que Salah Abdeslam soit condamné pour ce qu’il n’a pas fait. Son personnage a fait couler beaucoup d’encre, son nom peut faire peur, mais vous entendrez le rapport des experts, il est loin d’être un psychopathe".
Sur les conditions de transfert
L’avocate de la défense est également revenue sur les conditions de transfert appliquées aux accusés de ce procès, des conditions qui sont dénoncées depuis plusieurs jours.
Elle conclut : "Nous sommes persuadés que les conditions de transfert nuisent à la libération de la parole, qu’elles sont incompatibles avec le fait de participer au procès. Nous ne sommes pas là pour opposer les souffrances des victimes et des accusés ou pour les graduer. Nous voulons une justice sereine et objective".