Attentats de Bruxelles

Procès des attentats de Bruxelles : "J'ai décollé du sol et ce fut l'obscurité", place aux témoignages des victimes de l'aéroport de Zaventem

Procès attentats de Bruxelles : témoignage de la victime Beatrice De Lavalette (M. Joris, LP 06/03/23)

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Par Patrick Michalle

Le 22 mars 2016, Béatrice de Lavalette était présente à l’aéroport de Bruxelles pour rejoindre sa famille aux États-Unis. La bombe lui a volé ses deux jambes. Elle est la première à témoigner à la barre ce lundi dans cette nouvelle étape du procès où durant plusieurs semaines la parole est donnée d’abord aux victimes de l’aéroport de Zaventem et ensuite à celles du métro Maelbeek.

Pour Béatrice de Lavalette, ce qui est important nous a-t-elle indiqué peu avant d’entamer le récit de son 22 mars 2016, c’est de se confronter aux accusés impliqués dans l’attentat dont elle a été victime alors qu’elle avait 17 ans. Pour témoigner de sa souffrance mais aussi leur montrer qu’ils ne sont pas parvenus à l’anéantir. Qu’à force de volonté et d’énormément de travail, elle a pu forcer le destin et continuer à faire ce qu’elle adore : l’équitation. Elle souhaite montrer aux accusés qu’ils n’ont pas gagné, qu’elle reste orientée vers son futur et qu’elle compte bien profiter de ce que la vie lui offrira par la suite.

© PaliX – RTBF

De premières minutes insoutenables, l’arrivée des secours

Béatrice de Lavalette commence par le moment de l’explosion : "Lorsque la bombe a explosé, je n’ai aucun souvenir, la seule chose dont je me souviens c’est que j’ai décollé du sol, ce fut l’obscurité. Quand j’ai repris conscience, j’ai vu ma jambe à l’angle droit. Lorsque j’ai vu ma jambe, j’ai compris ce qui était arrivé". Très vite, elle regarde autour d’elle : "Il y avait une femme dont les cheveux brûlaient, j’ai tenté de les éteindre avec mes mains. Quand elle a senti qu’il y avait quelqu’un, elle m’a pris la main. Peu après les premiers intervenants sont arrivés et ont commencé à emmener des personnes blessées".

J'ai compris qu'il y avait un triage des blessés

Mais pour elle, la situation est terrible : "J’ai compris qu’il y avait un triage. J’étais labellisée comme rouge, ce qui signifie, je l’ai compris par la suite, qu’on a pensé qu’il y avait peu de chance que je survive". Mais elle ne veut pas se résigner à la situation : "Je me suis rendu compte que des personnes criaient pour demander de l’aide, j’ai fait comme eux en français et en anglais. Après j’ai vu un pompier j’ai levé la main. Il a appelé les premiers secours, et trois ou quatre personnes sont arrivées pour me porter assistance. Ces personnes se sont occupées de moi avec beaucoup de précautions.

Je sentais que je voulais dormir

Je sentais que je voulais dormir mais quelqu’un m’a dit 'vous ne pouvez pas dormir'. Mais peu après j’ai sombré dans le coma. Les premiers souvenirs après ce sont les minutes à l’hôpital lorsque je suis sorti du coma un mois plus tard". Malheureusement pour elle, la situation n’est pas bonne sur le plan circulatoire et après quatre mois elle sera amputée des deux jambes. Suivront de nombreuses opérations pour améliorer ce qui peut l'être.

Le temps de la réhabilitation, réapprendre à vivre autrement

Béatrice De Lavalette, victime de l’attentat à Zaventem
Béatrice De Lavalette, victime de l’attentat à Zaventem © Mélanie Joris RTBF

"Il m’a fallu une énorme force mentale pour réapprendre à vivre autrement". Béatrice explique alors que son moral n’était pas bon : "ma mère a compris qu’il fallait que mon cheval vienne près de moi. Dès que j’ai vu mon cheval, j’ai compris qu’il y avait quelqu’un qui attendait que j’aille mieux. Parce que pour moi à 17 ans je pensais déjà que c’était la fin de ma vie".

Ma mère a compris qu'il fallait faire venir mon cheval

Béatrice a été dans le sud de la France ensuite quelques semaines pour apprendre à nouveau à manger, boire, reprendre goût à la vie car elle n’avait plus que la peau sur les os. Après un traitement adapté, elle a tout mis en œuvre pour reprendre ses études : "Je voulais avoir mon diplôme comme mes amis. J’allais en revalidation l’après-midi. Et j’ai fini par décrocher mon diplôme. Après l’école j’ai fait un voyage en Grèce puis je suis retournée dans le sud de la France avec mes parents".

J'ai fini par décrocher mon diplôme

Béatrice de Lavalette finit par obtenir une place de réhabilitation dans un hôpital militaire à San Diego. Toutes ses facultés physiques ont été testées pour voir ce qu’on pouvait améliorer, remédier.

"Après un an, j’ai dû reprendre une vie normale mais je n’étais pas prête encore et j’ai vécu un moment de dépression. En 2019, j’ai passé huit mois très difficiles au cours desquels j’ai subi neuf nouvelles opérations après les vingt déjà subies après les attentats".

On vous souhaite le meilleur

Aujourd’hui, la vie continue pour elle mais elle a régulièrement des hauts et des bas : "en ce moment je suis sur un haut" dit-elle en conclusion. "Il faut le rester, on vous souhaite le meilleur" termine la présidente en remerciant le témoin.

Procès des attentats de Bruxelles : sujet JT du 06/03/2023

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