Procès des attentats de Bruxelles : "Fabienne est au travail et je n’arrive pas à la joindre", la famille Vansteenkiste témoigne

On retiendra d’abord la douleur de l’attente. La mort de Fabienne Vansteenkiste n’a été officiellement annoncée à ses proches que le vendredi 25 mars, laissant ceux-ci dans un état d’incertitude prolongé. Pour Zora, l’épouse de Philippe durant ces horribles journées d’attente, chacun était dans le brouillard car "comment expliquer cela aux enfants ? Nous essayions de garder l’espoir. Mais au fur et à mesure que les jours passaient, cela devenait surréaliste. On nous présentait des condoléances du bout du monde parce que certains médias annonçaient déjà le décès de Fabienne. Ensuite le vendredi on a reçu la nouvelle". Par la suite Laurens, le fils de Fabienne accompagné de Thomas son beau-fils feront le tour des hôpitaux, "sur mon téléphone, j’avais pris une photo de Fabienne et je la montrais dans les hôpitaux. C’était la panique. On ne nous laissait pas entrer. C’était un gros bordel. Je pensais pouvoir ramener Fabienne en voiture à Jesca, (sa fille) mais on n’a pas réussi" explique Thomas Savary retenant un sanglot, "il a fallu expliquer à Loes, notre petite fille de cinq ans, que sa mamy ne reviendrait jamais".

Jesca Van Calster expliquera avoir pu découvrir les dernières images de sa mère peu avant l’explosion, " la dernière chose qu’elle fait sur les images, c’est qu’elle va acheter des bonbons pour mes enfants. C’était une grand-mère formidable. Et je ne souhaite pas m’exprimer sur mon état aujourd’hui parce que les accusés ne doivent pas le savoir. Moi, je ne pardonne pas. Ils peuvent aller en enfer".

Philippe Vansteenkiste dira pour conclure que le plus important, c’est d’être ici en famille, mais il y a une personne qui manque, son père : "j’ai entendu que les personnes qui viennent témoigner ont du courage. C’est vrai. Ceux qui ne viennent pas, ce n’est pas qu’ils n’ont pas du courage, c’est qu’ils doivent survivre. On est encore dans un mode survie". Et d’ajouter que quand on est victime de terrorisme, le monde et ses valeurs s’écroulent : "pleurer et souffrir, pour moi, c’est très difficile, je ne veux pas donner satisfaction à Daesh et donc finalement, on est coincé".

Il aborde un peu plus tard la question du pardon, plusieurs fois évoquée lors de ce procès : "j’ai suivi des échanges sur les actions de justice réparatrice avec les Nations Unies. Il faut que les deux parties s’entendent et soient d’accord. Je ne sais pas si les accusés ont déjà demandé pardon, je ne sais pas. Mais s’il n’y a pas de demande de pardon, les victimes ne peuvent pas donner le pardon". Et il ajoute qu’un survivant peut plus facilement entrer dans ce processus mais pour les proches des décédés c’est compliqué : "J’aimerais demander à Fabienne si elle peut pardonner, mais je ne peux pas, elle est morte".