Attentats de Bruxelles

Procès des attentats à Bruxelles : silence de plomb dans la salle, où sont diffusées des photos explicites des victimes

Des personnes et des travailleurs sont évacués de l’aéroport de Bruxelles, à Zaventem, mardi 22 mars 2016. Au moins 13 personnes ont été tuées après deux explosions dans le hall des départs de l’aéroport de Bruxelles.

© PHOTO BELGA DIRK WAEM

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Par Belga, édité par Marie-Laure Mathot

Un silence de plomb régnait dans la salle d’audience jeudi matin au procès des attentats à Bruxelles du 22 mars 2016, alors que des photos, parfois très dures à voir, des victimes décédées étaient diffusées par les enquêteurs. Ces derniers ont chaque fois pris le soin d’avertir les personnes présentes dans la salle de l’apparition prochaine de clichés difficiles.

Si ce ne sont les frères Farisi, les deux accusés comparaissant libre devant la cour d’assises, peu de gens ont décidé de quitter la salle. D'autres accusés étaient déjà absents de leurs boxes car ils avaient refusé de se présenter dès le début de la séance. Salah Abdeslam a, une fois de plus, refusé de se présenter à l'ouverture de l'audience et s'est fait représenter ses avocats. À l'instar des jours précédents, Mohamed Abrini et Osama Krayem ont désiré être reconduits en cellule dès le début de l'audience pour protester contre leurs conditions de transfert depuis la prison de Haren au Justitia, non loin de là, où a lieu le procès. L'accusé Abrini a toutefois fait son retour après la pause de la matinée, arguant qu'il "se sentait mieux par rapport à ce matin". Les accusés détenus restés dans le box ont regardé, pour certains attentivement, pour d’autres de manière plus détachée, les images. 

Quant aux jurés, tous se montraient très attentifs et concernés. De nombreuses photos ont en effet émaillé les témoignages du responsable de la coordination des activités au niveau de la recherche tactique de la section criminelle de la police fédérale (DR6) et d’un inspecteur du laboratoire de la police scientifique et technique.

La cour a pu y voir les corps mutilés et brûlés des victimes décédées après la première explosion, survenue à 7h58 près du guichet d’enregistrement de la compagnie américaine Delta Airlines. Certains avaient parfois perdu une partie de leurs vêtements à cause du souffle de l’explosion. Les images du buste, d’un bout de doigt et d’une partie du bras du kamikaze, Ibrahim El Bakraoui, ont étalement été montrées à la cour.

Outre les clichés des victimes et de l’auteur, de nombreuses images du chaos créé par l’explosion ont été diffusées, avec des débris partout, des impacts de projectiles sur les murs, des sièges ayant littéralement volé en l’air et un plafond effondré dans lequel ont été retrouvés des morceaux de vêtements et même des bagages.

Des corps, leurs histoires

Dans leur témoignage, les enquêteurs sont notamment revenus sur la découverte du corps sans vie d’une femme, dont il s’est avéré ensuite que les deux enfants jouaient dans une zone qui leur est dédiée dans le terminal où a eu lieu la première détonation. Le père de famille était allé aux toilettes juste avant la déflagration et a ensuite retrouvé son épouse agonisante. Il s’est alors mis à la recherche de ses filles et les a retrouvées, l’une en état de choc dans les bras d’une autre femme, l’autre en train d’être soignée parmi les blessés.

Les enquêteurs ont encore expliqué avoir rencontré, durant leur travail, qui n’a pu commencer qu’aux alentours de 11h30, au moins 10 à 20 personnes passant encore sur les lieux en panique. Certains venaient d’un autre étage, d’autres s’étaient cachés dans les bandes de transport des valises et n’en sont sortis que bien après, une fois qu’ils se pensaient en sécurité, ont-ils raconté. "Ce n’était pas une situation idéale." Les deux enquêteurs disent, enfin, avoir dû prendre, avec leurs équipes, "des risques" pour effectuer leurs premières constatations, ne sachant pas si une bombe était encore enfouie sous les décombres.

Une fois la pause terminée, les enquêteurs ont poursuivi le récit de leurs constatations en présentant les dégâts causés par la seconde déflagration, située près de la rangée 4, entre les escalators et ascenseurs et l'une des entrées du hall des départs. Là encore, des images extrêmement choquantes ont été montrées, notamment le corps du second kamikaze, Najim Laachraoui, dont une hanche a été retrouvée dans un panneau publicitaire à plusieurs mètres de hauteur.

Pour finir, les inspecteurs ont présenté des éléments balistiques mentionnant notamment les armes retrouvées sur place et les dégâts engendrés par les vis et boulons projetés par les détonations. Une image d'un boulon incrusté dans la statue en bronze qui ornait le hall de l'aéroport est venue illustrer la puissance de la deuxième bombe. Après la pause de mi-journée, la parole sera donnée aux membres de la Disaster Victim Identification (DVI), le service d'identification des victimes de la police fédérale, qui expliqueront leur rôle dans l'identification de chaque victime de l'attentat de l'aéroport.

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JT du 20/12/2022

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