Justice

Procès des attentats à Bruxelles : des accusés citent les ministres de la Justice et de l'Intérieur en référé

L'accusé Salah Abdeslam photographié lors du procès des attentats du 22 mars 2016, à la Cour d'assises de Bruxelles-Capitale, mardi 06 décembre 2022 sur le site de Justitia à Haren, Bruxelles.

© Belga

Par Belga édité par Renaud Verstraete

Les sept accusés détenus du procès des attentats de Bruxelles, à savoir Mohamed Abrini, Osama Krayem, Salah Abdeslam, Sofien Ayari, Ali El Haddad Asufi, Bilal El Makhouki et Hervé Bayingana Muhirwa, intentent une action en référé contre l'État Belge et plus particulièrement contre le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne et la ministre de l'Intérieur Annelies Verlinden à propos des conditions dans lesquelles ils sont chaque jour amenés au Justitia où se déroule leur procès en assises, ont indiqué à Belga les avocats des accusés, confirmant une information publiée par L'Avenir.

Une procédure en référé est une procédure rapide menée lorsqu’une décision doit être prise en urgence. Cette décision est provisoire et a vocation à empêcher qu'une situation illicite ne s’installe dans le temps et n’entraine des conséquences dommageables pour les parties. 

Une première audience devrait avoir lieu lundi. Les avocats ont réclamé la présence de leurs clients. L'audience se tiendra-t-elle place Poelaert ou au Justitia ? Ce n'est pas encore clair.

Un traitement contraire aux droits de l'Homme ?

Les accusés se plaignent depuis le début du procès de leurs conditions de transfert à savoir des fouilles à nu systématiques, la diffusion de musique à plein volume et l'usage de lunettes occultantes. À plusieurs reprises, les accusés détenus ont quitté la salle d'audience, en signe de protestation, et ont menacé de ne pas s'exprimer si rien ne change.  

En coulisses, une concertation a déjà eu lieu entre les différentes parties concernées, dont les avocats des accusés et la police fédérale, mais les négociations n'ont apparemment pas abouti à une solution acceptable pour tous.

En conséquence, les avocats de la défense se lancent dans cette action en référé. Dans leur citation, ils invoquent principalement l'article 3 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme qui concerne les traitements inhumains et dégradants. 

La Convention établit que le caractère systématisé des fouilles à nu constitue un traitement inhumain et dégradant. Et les avocats insistent : ces fouilles interviennent alors que les accusés sont détenus dans des conditions très strictes, dans un quartier de haute sécurité de la prison de Haren. 

Autre élément dénoncé par les avocats : le caractère général de ces fouilles et l'absence d'une analyse individualisée. Enfin, les avocats dénoncent les expériences de privation sensorielle. Ils font référence ici aux lunettes occultantes et à la musique à plein volume. Ce type de traitement préalable à des interrogatoires est considéré comme inhumain et dégradant par la Convention Européenne des Droits de l'Homme. 

Si les fouilles à nu avec génuflexion et l'usage d'un masque occultant se poursuivent, les avocats de la défense demanderont une astreinte de 5000€ par exécution ou commencement d'exécution et par accusé. Chaque jour, ces astreintes pourraient donc s'élever à 35.000€ puisqu'il y a sept accusés détenus. 

Sur le même sujet au JT du 13/12/22 :

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous