Les mesures prises par la Vivaldi pour soulager la facture énergétique des ménages font réagir l’opposition. La N-VA, le PTB, Défi et les Engagés (ex-cdH) sont tous d’accord c’est trop peu et c’est trop tard.
Pas contents, pas contents !
L’opposition s’oppose. Elle s’oppose dans le même sens pour dire : pas assez. Cet unanimisme est frappant. Aucun parti ne dit qu’on en fait trop. Même la N-VA très regardante a la question des déficits ne dit, au nom de la rigueur, que le gouvernement fait exploser les déficits publics en dépensant près de 3 milliards d’euros. Il y a consensus général sur le fait de soutenir les ménages.
Aucun parti pour dire qu’à l’exception du tarif social cette aide n’est pas justifiée pour tout le monde. Que de l’argent public va se retrouver dans des poches qui n’en avaient pas besoin. Y compris à gauche avec le PTB qui soutient la baisse de la TVA et des accises pour tous.
Aucun parti pour dire que les mesures sont un soutien à la consommation de combustibles fossiles qui contribue au trésor de guerre de Vladimir Poutine.
Aucun parti pour s’étonner qu’à côté des mesures de soutien à la consommation d’énergie, il n’y ait pas d’annonce pour diminuer la consommation : limitation de vitesse sur les routes, gratuité des transports publics, dimanche sans voiture.
Pour trouver ces éléments critiques il faut déserter le parlement, aller chercher des associations ou des profs d’unif comme Geert Peersman ce matin dans De Standaard. Le prof d’économie de Gand dit qu’avec cet accord nous soutenons le trésor de guerre Russe.
Nuances de pas contents
Unanimité de tous les partis d’opposition pour dire qu’ils auraient eux fait plus vite, et beaucoup plus mais bien sûr avec des solutions différentes. La N-VA aurait réalisé une diminution d’impôt de 500 euros par an en plus de baisser les accises. Et ce qu’elle n’aurait pas fait, c’est un chèque de 200 euros sur le mazout de chauffage. Ce chèque profite surtout aux Wallons, alors que les Flamands (et les Bruxellois mais ça, il l’oublie) qui se chauffent surtout au gaz ne recevront qu’en moyenne 55 euros avec la baisse de la TVA. Et Bart de Wever de se poser la question qu’il pose en boucle depuis 2005 : Y a-t-il des Flamands à la table des négociations fédérales ?
Dans le Sud, le PTB en retrait depuis le début de la guerre en Ukraine (il doit justifier ses abstentions des résolutions parlementaires condamnant l’agression Russe), retrouve sur l’énergie un dossier ou la nuance n’est pas de mise et qui divise moins la classe des travailleurs. Le PTB veut un blocage des prix, taxer les surprofits des énergéticiens, baisser la TVA et ramener les prix des carburants à 1.40. Bref la totale, face à un PS qui accuse partout le PTB de n’être juste bon qu’à faire des pétitions et de raser gratis. Pourtant le président du PS proposait un effort de 6 milliards d’euros il y a quelques jours.
Et puis il y a les engagés et Défi. L’opposition centriste elle aussi trouve que c’est trop peu et trop tard. Les engagés pointent les tergiversations du gouvernement qui conduisent à baisser la TVA durant la période ou l’on chauffe le moins. Défi va dans le même sens.
Un certain unanimisme donc dans la dénonciation. Il n’y a pas eu beaucoup de place dans ce débat pour les nuances et beaucoup de questions restent largement imposées : faut-il vider les caisses de l’Etat pour soutenir les énergies fossiles ? Faut-il aider tout le monde ou cibler les plus précaires ? Faut-il parler de baisse de la consommation ? Les partis qui se poseraient trop haut et trop fort ces questions risquent d’être inaudibles. Trop compliqué, trop nuancé, trop risqué d’apparaître comme celui qui ne veut pas aider les ménages. Ainsi va le débat politique. Dans un moment de grande tension, les nuances sont considérées comme des faiblesses.