Prix de l'énergie

Prix de l'énergie - Pour Didier Reynders, l'Europe ne peut pas tout faire : "chaque État doit faire son travail"

Par Estelle De Houck sur base de l'Invité de Matin Première de Thomas Gadisseux via

Face à l’envolée des prix de l’énergie, les ministres européens de l’énergie se réunissent en urgence ce vendredi. Mais que peuvent faire les institutions européennes pour sortir de la crise ? Taxer les surprofits, revoir le mécanisme de fixation du prix… Mais dans quel délai ?

Nombreux sont les Etats qui se tournent en ce moment vers l’Europe, y compris la Belgique : "C’est maintenant que l’Europe doit montrer qu’elle est capable de protéger ses citoyens, de protéger ses entreprises. Point à la ligne", a récemment déclaré Alexander De Croo.

Notre sort dépend des institutions européennes et des Etats membres

"Notre sort dépend des institutions européennes ET des États membres", rétorque le commissaire européen Didier Reynders. Selon lui, beaucoup de choses se font déjà du côté des institutions européennes. "Mais en même temps, les États doivent travailler", ajoute-t-il.

Le commissaire prend l’exemple de l’Allemagne, qui a récemment débloqué 65 milliards d’aide en faveur du pouvoir d’achat. Ou encore celui du bouclier tarifaire français : "Chaque État doit faire son travail pour aider les particuliers et les entreprises, mais aussi pour utiliser toutes les capacités de production électrique", ajoute-t-il. "Les Allemands, par exemple, avec une coalition compliquée, viennent d’annoncer que deux centrales nucléaires seraient maintenues sous cocon pour être utilisable jusqu’à la fin de l’hiver."

"On ne peut pas se contenter de dire que la situation va être difficile dans les prochaines années (comme l'a récemment fait Alexander De Croo, ndlr)", a répliqué le commissaire belge. "Il faut tout de suite après cela venir avec des mesures concrètes. Alors je comprends que les coalitions c'est compliqué, mais à un moment donné, il va bien falloir qu'on ne se tourne pas uniquement vers ce qui va se faire au niveau européen, mais qu'on travaille aux deux niveaux (le national y compris, ndlr)", a encore dit Didier Reynders.  

"Ça ne suffit pas de dire que c'est très compliqué. Il faut agir. Et la Commission européenne a agi".
 

Il est inutile de lancer des combats à l’interne des institutions européens. Ce dont on a besoin, c’est l’unité

Mais les critiques ne viennent pas que des États membres. Le président du Conseil européen Charles Michel a lui aussi récemment regretté la lenteur de la Commission européenne dans différentes interviews. "Il est inutile de lancer des combats à l’intérieur des institutions européens. Ce dont on a besoin, c’est l’unité", répète Didier Reynders.

"Vous savez que depuis le début de cette crise, la grande difficulté est de maintenir l’unité des 27 États membres. La Commission a déjà fait beaucoup. Depuis le début de la crise, il y a eu énormément de décisions prises sur le stockage de gaz, sur la réduction de la dépendance au gaz russe mais aussi la réduction de la consommation", se défend le commissaire européen.

Désormais et pour aller plus loin, Didier Reynders estime "qu’il faut convaincre les 27 d’acheter plus en commun." En effet, pour l’instant, les pays membres ne sont pas dans une logique de solidarité dans leurs achats.

Et la solidarité européenne ne doit pas s’arrêter là. Elle pourrait également être indispensable dans la question du plafonnement des prix au niveau européen. "C’est un bras de fer qui passe d’autant plus facilement si on peut avoir une capacité de négociation et une force de frappe ensemble." En effet, ce n’est pas l’autorité qui va compenser la différence avec les prix du marché. Au contraire, cela signifie que les Européens vont devoir imposer leur prix, et pas autre chose.

Quid des consommateurs ?

Face à l’envolée des prix, la colère sociale se répand un peu partout en Europe. Certains mouvements sociaux commencent à se cristalliser autour du refus de payer ces prix exorbitants. Didier Reynders est le commissaire européen chargé de la protection des consommateurs. Que répond-il ?

Selon lui, il y a deux choses à faire concrètement. "La première, c’est que l’on plafonne les prix ou que l’on taxe les superprofits, cette marge doit être distribuée. Il ne faut pas la mettre dans d’autres choses, il faut la redistribuer notamment vers les particuliers qui ne savent pas payer leurs factures", explique-t-il. "Pas seulement les plus pauvres, mais une catégorie de plus en plus large de la classe moyenne qui est touchée également dans de nombreux pays d’Europe."

"La deuxième chose que l’on peut évoquer de faire, c’est que lorsqu’on ne sait pas payer ses factures, il vaut mieux demander un report à sa banque ou à son fournisseur. Ce fournisseur va évidement se tourner vers l’Etat pour une garantie. Mais l’Europe dit : 'pas de problème, vous pouvez vous tourner vers cette aide d’état.'"

Il y a urgence, c’est vrai, pour que les Etats et l’Union européenne travaillent de concert

Doit-on se préparer à une colère aussi forte que celles des gilets jaunes en France ? "On doit tenter de l’éviter surtout", répond Didier Reynders. "Il y a urgence, c’est vrai, pour que les Etats et l’Union européenne travaillent de concert. Mais pour que l’Union européenne puisse travailler il ne faut pas se tromper, nous avons besoin de convaincre les États membres de maintenir l’unité."

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