Economie

Prix de l’énergie : "Des entreprises envisagent la fermeture de certaines lignes et entités dès 2022", affirme Olivier de Wasseige

Nyrstar Balen © LUC CLAESSEN – BELGA

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Par Maxime Dumoulin avec agences

Si la hausse record des prix de l’énergie frappe de plein fouet les ménages belges, les entreprises ne sont pas en reste. La hausse exceptionnelle de leur facture d’énergie met leur chiffre d’affaires à mal et met leur compétitivité en difficulté.

PM Sweet est une jeune entreprise liégeoise spécialisée dans la fabrication de macarons. Chaque année, l’entreprise qui emploie 250 personnes livre des millions de macarons à travers le monde, depuis ses ateliers d’Oupeye. Les affaires tournent bien, mais les frais de gaz et d’électricité commencent à inquiéter sérieusement Michaël Labro, le patron : "Pour l’instant nos coûts sont encore fixes et nos panneaux solaires aident. Mais quand notre contrat sera renouvelé, ce sera compliqué".

Depuis le début de la crise Covid, Michaël Labro, comme de très nombreux entrepreneurs, a connu une explosion des prix des matières première, sans parler des coûts de transport de marchandises, de l’indexation des salaires. "Cette flambée de l’énergie est une goutte de plus".

Il y va de notre compétitivité

Envisage-t-il d’augmenter ses prix ? "Je travaille dans la grande distribution, je ne peux pas augmenter mes prix d’un claquement de doigts. Je risque de me faire remplacer pas un concurrent aussi vite. Mais je n’ai pas le choix. Face à tous ces facteurs, je dois monter mes prix de 5%". Cela dit, il complète : "Nos marges accuseront le coup de façon très importante, il y va de notre compétitivité".

Compétitif, il faut en effet le rester. Rentable, surtout. Ce qui a poussé début septembre le groupe chimique allemand BASF à réduire la production d’ammoniac dans son usine d’Anvers en raison des prix élevés du gaz naturel en Europe. Le patron de l’Union Wallonne des Entreprises (UWE), Olivier de Wasseige, est très inquiet : "Des entreprises me disent envisager la fermeture de certaines lignes et entités dès 2022".

Des prix jamais vus

Et la situation n’est pas propre à la petite Belgique. Chez Nyrstar, seul fabricant de zinc en France, à Auby (nord), l’envolée des prix a causé la fermeture temporaire de toute la production. "Ces derniers temps, les prix se sont envolés à des niveaux que je n’ai jamais connus dans ma carrière", témoigne Eric Brassart, directeur général de Nyrstar France.

De 40 euros il y a quelques années, le prix moyen du MWh sur une journée a dépassé les 400 euros avant Noël, avec des pics horaires à plus de 600 euros.

Nyrstar décide alors de stopper la production pour deux mois, dès début janvier. Mais "entre Noël et le nouvel an, il a fait doux, avec du vent et beaucoup de production éolienne en France et en Allemagne", ajoute Xavier Constant. Les prix se sont assagis. Ils flirtent actuellement avec les 230 euros.

L’Union européenne doit agir

Devant cette situation, l’UWE exhorte l’Union européenne à trouver une solution stable et pérenne concernant l’approvisionnement de gaz en Europe. Il appelle le gouvernement fédéral à rapprocher les prix de l’énergie chez nous des tarifs à l’international : "Nos entreprises doivent être compétitives, ou les clients iront voir dans d’autres pays, d’autres continents". Enfin, il rappelle que les entreprises wallonnes paient leur énergie 15% plus cher que la Flandre et les pays limitrophes.

Combien de temps devrait encore durer cette situation ? La Commission de régulation de l’électricité et du gaz (Creg) parle de 2024, voire 2025.

Reportage du JT du 7 janvier :

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