Dans les locaux du service d'aide sociale aux détenus, de l’arrondissement Bruxelles2, on prend le café et on a le temps. Sur une année habituelle, les psychologues, les assistants sociaux et les juristes de l'ASBL ont 2000 entretiens avec des détenus de Forest. Mais depuis mars, le nombre de consultations est à zéro. Derrière les murs de la prison, il n'y a plus ni alphabétisation, ni cours de français, ni consultations psychologiques ou sociales. Quatre mois sans aide sociale, c'est long... ''Cela dépend des jours, parfois on est désespéré, parfois on est en colère. On ne voit aucune issue'' témoigne une travailleuse sociale.
La coordinatrice, Cécile Plas, explique: ''les gardiens ne nous amènent plus les détenus. Il y a trop de monde dans la prison, ils limitent donc les déplacements dans le bâtiment, question disent-ils de sécurité.’’ Cet argument est cependant jugé absurde par les services d’aide sociale. ''Notre travail permet de diminuer les tensions carcérales et donc, du fait qu’on ne vient pas, ça ne fait qu’augmenter l’insécurité en prison. Ils n’obtiennent dès lors pas du tout le résultat souhaité. On ne comprend vraiment pas leur démarche.’’
Au sujet de ses animations pour détenus, Amandine Jansen, animatrice socio-culturelle en prison, déclare : ''Cela les humanise, ça leur permet d’être entendu par quelqu’un, ça leur donne un contact avec l’extérieur et ça leur permet de s’exprimer. Je suis en colère face à cette situation parce que ces gens redeviennent du bétail et on ne respecte plus leurs droits.’’
En quatre mois, la ministre de la justice Open-VLD Annemie Turtelboom n'a pas pu interrompre cette grève insolite. La centaine de travailleurs paralysés, toutes associations confondues préparent une pétition pour lui demander de réagir. En une dizaine de jours,cette pétition a été signée par plus de 1000 personnes.
Notez encore qu'il y a, au sein de la prison, une dizaine de travailleurs psycho-sociaux, mais ceux-ci sont débordés.
Evelyne Huytebroeck saisit le comité de concertation
Devant ce blocage, Evelyne Huytebroeck a envoyé deux courriers officiels demandant à AnnemieTurtelboom (Open-Vld) de se saisir du problème. "Aucune réponse ne nous est jamais parvenue", s'insurge la ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans un communiqué. Elle souligne le mauvais état des cellules, de l'hygiène et l'alimentation, ainsi que les "nombreuses violences" dans les prisons, une situation qui "ne peut permettre aux détenus de se reconstruire" en vue de leur réinsertion dans la société.
Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a donc décidé de saisir le prochain comité de concertation pour faire pression sur la ministre de la Justice, Annemie Turtelboom, afin de permettre aux Services d'aide aux détenus d'exercer leur mission à Forest.
Myriam Baele avec Belga