Egypte: impasse politique et violence croissante
La contestation fait rage en Egypte. Les heurts opposant le camp des supporters du président déchu Mohamed Morsi à celui de ses détracteurs sont de plus en plus violents. En un mois, plus de 200 personnes ont perdu la vie lors de ces troubles.
Le 3 juillet, alors que des manifestations monstres réclamaient son départ, le président Mohamed Morsi - le premier démocratiquement élu -, est destitué puis arrêté par l'armée. Très vite, les médias internationaux évoquent un coup d'Etat, quand l'homme fort de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, prétend répondre aux aspirations du peuple.
Bichara Khader, professeur émérite à l'UCL spécialiste du monde arabe, préfère pourtant parler de "coup de poing". Pour lui, l'armée "a voulu mettre les pendules à l'heure et rappeler que ce n'est pas parce que Morsi a été élu démocratiquement qu'on va assister, impassible, à un processus certain de l'islamisation de l'Egypte." Mais malgré une prétendue légitimité populaire, l'écrasante présence de l'armée pose question.
Après l'arrestation de Mohamed Morsi, elle ne perd pas de temps et propulse Adly Mansour au rang de président par intérim. Très vite, un nouveau gouvernement prête serment, au grand dam des Frères musulmans - le parti de Morsi - qui refusent toujours de le reconnaître.
Alors que les pro-Morsi multiplient les appels à manifester et font fi des avertissements des nouvelles autorités égyptiennes, le général al-Sissi a voulu rassembler ses supporters en leur demandant de lui donner pleine légitimité pour intervenir contre "la violence et le terrorisme". Des "menaces" que les Frères musulmans rejettent catégoriquement.
Les partisans de Mohamed Morsi réclament son retour, faisant valoir qu'il est le premier président égyptien élu démocratiquement. Ses adversaires estiment qu'il s'est disqualifié par un exercice du pouvoir au profit de son seul camp et que l'ampleur des manifestations contre lui a traduit sa perte de légitimité.
Au milieu des deux camps, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton tente difficilement de renouveler un dialogue qui semble sérieusement compromis.