Avec la réalisation de ce mégaprojet – qui traversera de nombreux écosystèmes protégés – on estime que plus de 100.000 personnes vont devoir être déplacées, alors que l’agriculture constitue la principale source de revenus des populations locales. Selon les associations présentes sur place, certaines ont déjà vu leurs logements détruits pour faciliter la construction des routes d’accès et de l’usine de transformation.
Depuis 2017, l’ONG Les Amis de la Terre effectue un travail de documentation sur les risques liés à l’EACOP, en collaboration avec des organisations locales. Après l’Ouganda, celle-ci a publié le 5 octobre dernier un rapport sur la situation en Tanzanie, où les deux tiers du futur oléoduc doivent être construits. Elle y dénonce des acquisitions de terre sans consultation ni indemnisation suffisante des populations locales.
Je n’avais pas le choix.
Lors de cette enquête menée le long du tracé d’EACOP en janvier et février 2022, les témoignages de plus de 70 personnes provenant d’une vingtaine de villages impactés par l’oléoduc ont été recueillis en préservant leur anonymat, de crainte de représailles gouvernementales. En voici deux exemples :
"Ils (les employés de l’EACOP, ndlr) nous ont dit que nos terres seraient affectées par le projet, et qu’ils allaient nous donner de l’argent. Mais ils ne nous ont pas demandé si on était d’accord", a déclaré une habitante de la région de Geita, citée dans le rapport. Un autre habitant de la région de Manyara, cité dans le rapport témoigne : "Je les ai vus faire une évaluation de ma terre, c’est comme ça que j’ai découvert que j’étais affecté. Ce n’était pas lors d’une réunion, mais dans ma ferme. Ils ont pris des photos de ma femme et de moi. Je n’avais pas le choix, mais ils m’ont dit que je serais indemnisé".
Pourtant, depuis le début de la mise en place du projet, TotalEnergies se targue d’appliquer les plus hauts standards dans le traitement des personnes déplacées par ses grands projets d’infrastructures.