"Tout le monde le fait", "tout le monde était au courant", "pourquoi est-ce que cela sort maintenant ?"... Telles sont les déclarations typiques d’une crise systémique, soit une crise qui révèle davantage un système qu’une crise sur un cas isolé. Mais voici que l’on entend les mêmes déclarations dans la crise dans laquelle François Fillon s’est installé. Peut-on parler dès lors d’une crise systémique?
Le supplice de la goutte d’eau
La caractéristique propre de la crise systémique, c’est que chaque cas pris individuellement aurait fait feu de paille, mais que, appréhendé collectivement, l'ensemble forme holistiquement une polémique qui dépasse le champ légal pour atteindre le champ normatif. C’est typiquement le cas de l’affaire Publifin. En soi, "rien n’est illégal", mais le tout suscite un écœurement de la population.
"Tout a toujours fonctionné comme cela." Pour les personnes au cœur de l’affaire, il y a une incompréhension à ce qu'un fait qui relève de l'habitude déclenche une saga médiatique. On retrouve ces éléments dans une chronique d’Henri de Bodinat cette semaine dans Challenges qui défend François Fillon en disant : "la nouvelle, présentée comme un scoop, est banale. Un bon tiers des députés emploient des membres de leur famille, sans compter les maîtresses, les copains, ou les copines, non recensés."
Il y a fort à parier que si la succession des faits n’avait pas été aussi constante, tout aurait pu être balayé d’un revers de la main via une communication de crise bien maîtrisée. Franz Olivier Giesbert disait alors "Dans 15 jours, on en parle plus."