À 38 jours du premier tour et en pleine offensive russe en Ukraine, le président Emmanuel Macron, qui veut "protéger" les Français face au "retour brutal du tragique dans l'Histoire", a officialisé sa candidature pour un second mandat.
"Il nous faudra travailler plus et poursuivre la baisse des impôts pesant sur le travail et la production", ajoute le président-candidat dans un texte de trois pages où il livre quelques pistes sur les grands axes et les valeurs de son projet. Une référence à sa réforme des retraites contestée, suspendue par la pandémie.
Il promet aussi une méthode différente. "Nous n'avons pas tout réussi. Il est des choix qu'avec l'expérience acquise auprès de vous je ferais sans doute différemment", reconnaît-il, sa seule allusion aux crises sociales qui ont marqué le début du quinquennat avant la pandémie.
Après avoir défendu son bilan, notamment face à la pandémie, il indique aussi vouloir donner "la priorité à l'école et à nos enseignants, qui seront plus libres, plus respectés et mieux rémunérés" et également "préserver et même améliorer le modèle social" français.
Autre engagement, "continuer d'investir dans notre innovation et notre recherche afin de placer la France en tête dans les secteurs qui, comme les énergies renouvelables, le nucléaire, les batteries, l'agriculture, le numérique, ou le spatial feront le futur".
Objectif affiché, que la France devienne "une grande Nation écologique, qui la première sera sortie de la dépendance au gaz, au pétrole et au charbon".
Côté valeurs, il plaide pour "ne pas choisir le repli ou cultiver la nostalgie" afin de "bâtir la France de nos enfants, pas ressasser la France de notre enfance".
"Je suis candidat pour inventer avec vous, face aux défis du siècle, une réponse française et européenne singulière", martèle-t-il.
Entrant dans le détail de quelques projets de réformes déjà connus, il évoque son souhait "d'investir pour permettre à chacun de vivre le grand âge à domicile", pour "rendre les maisons de retraite plus humaines" et pour mieux inclure les personnes en situation de handicap et d'améliorer la prévention en matière de santé.
"Bien sûr, je ne pourrai pas mener campagne comme je l'aurais souhaité en raison du contexte", conclut-il, en une brève allusion à la guerre en Ukraine.
Il écrit enfin vouloir "promouvoir une certaine manière d'être au monde, un art de vivre millénaire, enraciné dans chaque région, chaque canton, chaque ville et chaque village, que ce soit en métropole ou dans nos outre-mer".
Mobilisé par la guerre en Ukraine - avec un nouvel entretien jeudi avec son homologue russe Vladimir Poutine puis le président ukrainien Volodymyr Zelensky - le chef de l'Etat a attendu le dernier moment pour officialiser sa candidature, que les candidats doivent formaliser auprès du Conseil constitutionnel avant vendredi 18 heures.
Les autres candidats inquiets
Du côté des autres prétendants à l'Elysée, on s'inquiète de plus en plus de voir les dossiers internationaux éclipser d'autres sujets prioritaires comme le pouvoir d'achat, la santé et la sécurité. Et veulent débattre au plus vite avec lui pour s'en prendre à son bilan.
Le candidat écologiste Yannick Jadot a été l'un des premiers à réagir: "Ca fait longtemps qu'Emmanuel Macron est en campagne, qu'il dépense de manière électorale".
"Son bilan est dur : il a frappé sévèrement le pouvoir d'achat de nos concitoyens", a renchéri le communiste Fabien Roussel, espérant que "cette guerre ne sera pas le prétexte pour masquer des attaques sévères contre le pouvoir d'achat des Français".
En coulisses, le camp présidentiel s'organise depuis des semaines, entre récolte de fonds pour financer la campagne, tracts, porte-à-porte, création de comités de soutiens et tribunes dans la presse d'élus pour un second mandat. Un premier meeting qui était prévu à Marseille ce week-end a été annulé ou simplement reporté.
"Banaliser la candidature"
Emmanuel Macron "est hyper focus sur l'international, il est sincèrement inquiet. Il y a une volonté de banaliser au maximum sa candidature", a souligné à l'AFP une source auprès du parti présidentiel. "Il faut être très prudent sur l'issue de l'élection. Le second tour peut être plus serré que ce qu'on pense. On n'est pas à l'abri d'une démobilisation des nôtres, qui vont penser que c'est gagné".
Jamais une crise internationale n'a autant impacté une campagne présidentielle sous la Ve République. Et après les crises des "gilets jaunes" suivie de la pandémie du Covid, le plus jeune président que la France a connu depuis 1958 se positionne comme un capitaine par temps de tempête: "Je n'ai et n'aurai qu'une boussole: vous protéger".
Le Premier ministre a justement précisé sur TF1 les contours du plan de résilience annoncé par Emmanuel Macron pour atténuer les conséquences économiques et sociales - notamment une flambée des prix des carburants - de la guerre en Ukraine et des sévères sanctions sur la Russie.