La cheffe de l’extrême droite Marine Le Pen est parvenue dimanche pour la deuxième fois au second tour de l’élection présidentielle face à Emmanuel Macron, fruit d’une "dédiabolisation" et d’une banalisation de son image – mais pas de son programme – menée pas à pas depuis 10 ans.
Héritière ambitieuse au tempérament orageux, la benjamine des trois filles de Jean-Marie Le Pen, sulfureux fondateur du Front national (FN) depuis rebaptisé Rassemblement national (RN), était déjà parvenue en 2017 – comme son père 15 ans plus tôt – au second tour de la présidentielle.
Elle s’est de nouveau qualifiée dimanche, obtenant entre 23,5% et 24,7% des sondages, derrière le président sortant, largement en tête avec entre 27,6% et 29,7% des voix.
Une petite victoire familiale pour la fille de Jean-Marie Le Pen, figure pendant des décennies de l’extrême droite française, qui n’avait jamais pu rêver d’être aussi haut. Elle a dû pour cela patiemment déconstruire ce qu’il avait bâti à coups de harangues antisémites ou racistes, parfois condamnées en justice.
"Dédiaboliser" le FN, jusqu’à en exclure en août 2015 son père, dont les propos clivaient trop pour permettre une victoire nationale. "J’ai adulé cet homme", confie-t-elle. "Je me suis beaucoup battue pour lui mais à un moment donné, cela devait s’arrêter".
Changer l’image du parti à travers une "normalisation", qui passait par un nouveau nom. Le FN, à sinistre réputation, devint "Rassemblement national" en 2018. Sa formation, qu’elle préside depuis 2011, fait campagne sur son prénom, Marine, préféré à son patronyme, lourdement connoté.
Une femme comme les autres
Sur les plateaux, la candidate, au caractère ombrageux, ne s’énerve plus des piques des journalistes. Elle encaisse poliment. S’habille de couleurs claires. Sourit davantage. Montre son côté femme.
Deux fois divorcée, mère de trois enfants, séparée d’une des figures du mouvement, cette avocate de formation, âgée de 53 ans, insiste sur l’économie, parent pauvre du discours du RN, afin de séduire les "perdants" de la mondialisation.
Pour la présidentielle de 2022, elle fait campagne sur le pouvoir d’achat, préoccupation numéro 1 des Français, alors que la guerre en Ukraine fait s’envoler les prix du carburant et des aliments. Face à un Emmanuel Macron, ancien banquier d’affaires, désigné "président des riches".