CQFD, ce qui fait débat, en mode grand entretien : 25 minutes quotidiennes avec un spécialiste, pour vous aider à mieux comprendre/vivre la crise du coronavirus, mais aussi pour vous permettre de poser VOS questions (via l’adresse mail cqfdrtbf@rtbf.be). Notre invité, ce mardi: Laurent Delcourt, sociologue et historien spécialiste du Brésil, chargé d'étude au CETRI, le centre tricontinental de l'UCLouvain.
Bilan sous-estimé
Avec près de 44 000 morts, le Brésil est désormais le deuxième pays le plus endeuillé au monde, après les États-Unis. Le deuxième aussi, en nombre de cas confirmés: plus de 888 000. 10 voire 15 fois plus élevés en réalité, selon les scientifiques, car le pays teste très peu sa population. "Sans compter que dans de nombreux quartiers populaires, dans les favelas des grandes villes, certains décès ne sont pas du tout enregistrés", précise Laurent Delcourt.
"La plupart des victimes du coronavirus, on le sait, se trouvent dans les périphéries pauvres des grandes villes où le système sanitaire est complètement défaillant et l'accès aux soins de santé très difficile", ajoute le spécialiste du Brésil, pointant les quartiers populaires désertés par l'Etat et où tester la population est pratiquement impossible.
Déconfinement précipité
"Corona sceptique" convaincu, le président d’extrême droite minimise la pandémie depuis le début. Jair Bolsonaro se préoccupe plus de relancer l'économie que de conforter le personnel soignant débordé ou les familles endeuillées. Les mesures de confinement ont ainsi été assouplies et les commerces ont rouvert leurs portes, depuis une dizaine de jours déjà dans l'Etat de Sao Paulo, le plus peuplé et le plus touché du pays.
Un déconfinement jugé précipité, alors que le Brésil n'a toujours pas atteint le pic de l'épidémie. Selon Laurent Delcourt, s'appuyant sur des projections, le bilan pourrait d'ailleurs atteindre les 90 000 morts d'ici un mois.