On parle régulièrement des effets secondaires du vaccin anti-Covid, surtout celui de la firme AstraZeneca, dont on a par ailleurs appris de nouveaux retards de livraisons. Alors cette question : est-il indiqué de prendre du paracétamol avant de se faire vacciner, afin d’éviter fièvre, douleurs musculaires, malaises ou réactions ?
C’est une question très sensible, que se posent certains internautes. La réponse est délicate et certainement pas univoque. Ainsi, malgré les déclarations du "Monsieur Vaccin" du gouvernement français, Alain Fischer, qui conseillait de prendre "un cachet de paracétamol avant la première dose pour atténuer les effets secondaires", il n’y a pas d’étude scientifique sur la question pour le moment. Alors que faire ?
Prendre du paracétamol avant de se faire vacciner? « On n’a pas de données à ce stade » © Tous droits réservés
Comme le relevait récemment Yves Van Laethem lors d’un webinaire pour la Société scientifique des pharmaciens francophone, "l’administration systématique de paracétamol ou d’un autre antipyrétique [des médicaments destinés à diminuer la fièvre, ndlr] avant la prise d’un vaccin n’est pas recommandé en routine." Pourquoi ? "Car réponses immunes envers divers agents vaccinaux peut être significativement diminuée." Autrement dit, les concentrations d’anticorps présents dans une dose pourraient significativement baisser et cela pourrait altérer l’efficacité d’un vaccin. Cela a d’ailleurs déjà été démontré pour certains vaccins chez les enfants, comme nous vous l’expliquions.
Aucune recommandation existante
M. Van Laethem s’exprimait ici pour les vaccins en général. Qu’en est-il de celui contre le Covid-19 ? En conférence de presse, les autorités belges ont confirmé un manque de données sur la question à ce stade. "Il n’existe pas de recommandation, ni de la part du fabricant [ici, AstraZeneca, ndlr], ni de l’Agence européenne du Médicament, de prendre systématiquement du paracétamol avant ou même au moment de la vaccination", confirme le professeur Jean-Michel Dogné, membre de la Task Force Vaccination, expert en sécurité des médicaments à l’OMS et à l’Agence européenne du médicament.
Pour une analyse plus systématique, "le Conseil Supérieur de la Santé va faire se pencher sur le dossier dans le courant de la semaine prochaine", complète l’expert.
"Le paracétamol est recommandé dès qu’il y a plainte"
S’il existe un vide sur la prophylaxie, en revanche, concernant la prise de paracétamol une fois que les symptômes apparaissent, les professionnels de la santé sont clairs et unanimes : "L’Agence française des médicaments, par exemple, a recommandé l’utilisation du paracétamol lorsque des effets indésirables apparaissent. Mais pendant une période la plus courte possible et aux doses les plus faibles possibles", assure M. Dognée, qui complète : "On parle bien de paracétamol et non des anti-inflammatoires de type Ibuprofène et a fortiori de l’aspirine."
Dans le cas spécifique d’AstraZeneca, certaines études encouragent la prise de paracétamol, c’est "certainement une recommandation qu’il faut avoir ici en Belgique", relève le docteur Pierre Van Damme, épidémiologiste à l’Université d’Anvers. Ce point-là sera aussi discuté au Conseil Supérieur de la Santé la semaine prochaine. "Dans les études cliniques de phase 3, c’était la même recommandation également : on peut commencer à prendre du paracétamol, recommandé aux patients, du moment qu’il y a des plaintes. Ça, on sait que ça n'a aucun effet sur l’immunogénicité. Mais au niveau prophylactique, on n’a pas de données à ce stade", conclut M. Van Damme.
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