Ce n’est hélas pas une surprise, mais la nouvelle est très préoccupante. Deux premiers décès dus au coronavirus sont avérés dans le bidonville de Dharavi, à Mumbay en Inde.
Un territoire surpeuplé
C’est l’un des plus grands bidonvilles d’Asie mais aussi l’un des plus connus puisque c’est là qu’a été tourné le film "Slumdog Millionaire". Dharavi, en Inde c’est environ un million d’habitants entassés dans un petit territoire surpeuplé. La densité de population y est à peine croyable, environ 30 fois plus importante que celle de la ville de New York, avec 280.000 personnes par kilomètre carré. Qui vivent dans une pauvreté absolue. Jusqu’ici, la population n’a pas respecté les mesures de confinement et de distanciation physique.
Et pour cause, elles sont impraticables dans cet endroit du monde ou il n’y a pratiquement pas d’eau courante et ou les habitants vivent par milliers dans de toutes petites habitations. La distanciation sociale est un privilège, réservé à la classe moyenne indienne comme le précisent des correspondants de CNN.
Dans les ruelles vides, une voiture de police se faufile. Les messages dans les haut-parleurs exigent que les gens restent chez eux. Un peu plus loin dans la rue, un vendeur a suspendu des masques et des gants avec des pinces à linge. Ils sont à vendre.
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Tout le bloc d’habitation ou le premier mort est décédé est barricadé. "Il y a un cas positif dans le Dharavi de Bombay et un décès a également été recensé. Il y a 300 appartements et 90 magasins près de la scène et certains bâtiments ont été scellés." comme l’a précisé Lav Agarwal, membre du ministère de la Santé indien.
Une information vitale
Un des plus gros défis pour les autorités sera d’être tenues au courant des décès. Le docteur Naresh Trehan qui dirige un hôpital dans la banlieue de Mumbay explique à quel point il est important de connaître les cas qui surviennent dans les zones comme les bidonvilles. "Une fois que l’on sait qu’un bidonville est atteint, on le place en quarantaine et on nourrit tout le monde. On les laisse en isolement pendant deux semaines, on les nourrit convenablement et cela va se résoudre. Il faut repérer les cas critiques et laisser les cas modérés chez eux. C’est comme cela que la population dans son ensemble sera surveillée."
Un confinement de 3 semaines comme seule option
Officiellement, les chiffres indiens sont plutôt rassurants. Un peu plus de 3000 cas recensés et moins de 100 morts pour une population de 1,3 milliard d’habitants. Mais les craintes des spécialistes de la santé sont pourtant bien réelles. "Ma peur, c’est que peu importe à quel point nous sommes préparés, si nous connaissons une flambée de cas, nous n’aurons même pas une toute petite fraction de ce dont nous aurons besoin. Pas assez de lits, pas assez de respirateurs, pas assez de masques et de matériel de protection" selon le docteur Naresh Trehan. Le gouvernement a ordonné 3 semaines de confinement à la population indienne. Les frontières entre les différents Etats sont fermées.
Voir ce qui se passe aux Etats-Unis et trembler
C’est avec avidité et de grandes craintes que les spécialistes indiens de la santé observent ce qui se passe ailleurs. En Europe et aux Etats-unis notamment. Le docteur Arvind Kumar, qui dirige un centre de chirurgie pulmonaire à New Delhi ne s’en cache pas. "Aurait-on pu imaginer des dizaines de patients mourants dans les hôpitaux américains chaque jour ?" Il dit espérer que le confinement permettra d’étaler la période de crise. "Que Dieu nous vienne en aide si nous connaissons une situation comme en Europe. Nous ne serions simplement pas capables de la gérer" ajoute-t-il.