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Première société de femmes au carnaval de Binche: les Ladies Binchoises

Les Ladies à la fête lors de ce carnaval de Binche 2017

© rtbf.be - Thomas Rorive

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Par Maxime Paquay, Daniel Barbieux

C’est une première, à Binche. Une société de femmes est de sortie, ce lundi gras. Les "Ladies Binchoises" sont au nombre de 28 et ont décidé qu’elles aussi avaient le droit de s’amuser. Et pourquoi ne pas créer une société de femmes ? Voilà qui a été leur point de départ, il y a un an. Plusieurs activités plus tard, pour financer leurs costumes, c’est enthousiasmées, mais aussi très stressées, que les "Ladies" ont fait leur sortie.

"Pas pour faire de l’ombre au Gille, juste pour s’amuser entre femmes", précise d’emblée Joëlle Brison, la présidente de la société, bien consciente que la nouvelle a déclenché une certaine résistance au sein d’un folklore extrêmement codifié,"de la part des personnes les plus conservatrices vis-à-vis de leur folklore, et de la part des femmes de Gille – qui prennent leur rôle très au sérieux. Et dans une certaine mesure, je peux les comprendre. Mais l’un n’empêche pas l’autre. On peut très bien s’occuper correctement, avec cœur comme elles le font, d’un Gille, mari ou enfant, et s’offrir un jour de joie le lundi gras, pour soi et pour la femme."

"Le lundi, à qui pourrions-nous faire du tort?"

De "victoire féministe", il n’est toutefois ici pas question. "Nous ne désirons pas nous incruster dans le folklore du Gille proprement dit. Mais le but est que la place des femmes soit autre, que juste celle de s’occuper de son époux ou de ses enfants", souligne Joëlle Brison. "Mais même moi je ne concevrais pas, en tant que Binchoise, que nous ayons une société à nous le mardi gras. Mais le lundi, à qui pourrions-nous faire du tort ?"

Gautier Dewinter, est le président de l’ADF (association binchoise de défense du folklore). Pour lui, les femmes "ont bien le droit de s’amuser le lundi" et il s’agit selon lui d’une évolution naturelle. Mais attention, précise-t-il, "ce n’est pas évident de prévoir un amusement en plus pour elles, c’est tellement contraignant de s’occuper d’un Gille. Si le Gille n’a pas son épouse ou sa maman, il ne sait pas faire le Gille."

Pas de péril pour le Gille

Et lorsque les "Ladies" sont de sortie, les maris aident aussi, du coup? " Peut-être, mais je crois surtout qu’il y a beaucoup de maris qui se reposent. Et puis ce n’est que quelques heures qu’elles sortent, donc ça ne va pas être trop contraignant".

Souvenons-nous qu’en 2003, la directrice du patrimoine immatériel de l'Unesco de l’époque, Noriko Aikawa avait formulé plusieurs remarques sur le rôle joué " dans l'ombre " par la femme de Gille. Et dans un document - Egalité des genres : patrimoine et créativité - de la même organisation mais daté de 2014, on peut lire que si " certaines [manifestations culturelles, NDLR] intègrent une dimension de coopération entre hommes et femmes, dans d’autres cas, tels que le Carnaval de Binche, les femmes occupent généralement un rôle secondaire dans une activité par ailleurs exclusivement masculine, bien qu’elles puissent elles-mêmes la pratiquer au fil du temps ".

Une charte a été établie entre les différentes sociétés – en ce compris d’hommes - qui sortent, lors du lundi gras. Les Ladies sont effectivement soucieuses de respecter des règles folkloriques. Avec l’envie, sans doute, faire évoluer – en douceur – le patrimoine, plutôt que de le révolutionner.

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