Toutes les armes nucléaires ne se valent pas. Elles n’ont pas toutes la même puissance ni la même portée. "On a des armes dont les capacités de puissance sont équivalentes à quelques dizaines de kilotonnes (milliers de tonnes de TNT) donc trois, quatre, cinq fois Hiroshima à plusieurs centaines de kilotonnes", explique Jean-Marie Collin, chercheur à ICAN France (campagne internationale pour abolir les armes nucléaires) et chercheur associé au GRIP. Cet éventail de puissance, on le retrouve dans l’arsenal nucléaire russe, par exemple, "où certaines ogives sont équivalentes à une demi-mégatonne, des puissances jamais utilisées, même dans le cadre d’essais nucléaires", ajoute Jean-Marie Collin.
Du côté russe, par exemple, on a beaucoup évoqué, ces derniers jours, l’existence de Satan 2, un missile balistique intercontinental, d’une portée de 10.000 kilomètres, capable d’emporter dix ou quinze têtes nucléaires, assez pour rayer de la carte un pays de la taille de la France. L’engin serait aussi équipé d’une technologie lui permettant de tromper les défenses antimissiles adverses.
Trois modes d’action sont possibles pour utiliser ces armes nucléaires : depuis le sol avec des lance-missiles de moyenne à très longue portée, depuis la mer avec des navires de surface ou des sous-marins, ou encore via les airs avec des bombardiers à court, moyen ou long rayon d’action.
On le voit, ces armes sont sans commune mesure avec les seules bombes utilisées lors d’une guerre, celles d’Hiroshima et Nagasaki en août 1945. "Hiroshima et Nagasaki ont vaporisé des populations civiles en un bref instant, près de 200.000 personnes au total, avec un seul bombardier, une seule bombe atomique", rappelle Jean-Marie Collin.
Les bombes nucléaires actuelles ont non seulement bien plus de capacité de vaporiser des villes entières de par leur puissance, elles entraîneraient aussi un enchaînement de catastrophes, comme l’estime Jean-Marie Collin. "C’est la spécificité depuis la fin du 20e siècle et ce début de 21e siècle. Nous avons énormément d’infrastructures dans toutes les grandes villes qui peuvent provoquer un enchaînement de catastrophes. Vous pouvez avoir à proximité de ces villes des ports pétroliers, des usines chimiques, des installations classées Seveso et des centrales nucléaires qui peuvent être directement affectées. Tout ça provoquerait, à la suite d’une détonation nucléaire, un enchaînement de catastrophe", explique Jean-Marie Collin.
Certains experts avancent ainsi des risques de destruction globale et généralisée. Ils estiment que l’usage d’une arme nucléaire en Europe pourrait avoir des conséquences pour l’ensemble de la planète, humanitaires, politiques et économiques, parlant même d’une "famine nucléaire mondiale", pour l’Organisation mondiale des médecins pour la prévention nucléaire.
La Russie et les Etats-Unis sont les deux seuls Etats à disposer de toute la palette des armes nucléaires. En outre, les Russes comme les Américains sont équipés d’un dispositif défensif et notamment d’un bouclier antimissiles.