Pourquoi est-ce difficile et mal perçu de pleurer en public ?
Pleurer seul, avec son conjoint ou un ami proche est une chose mais pleurer en public en est une autre.
- 1. C’est en général difficile pour la personne qui pleure et c’est mal perçu car notre société actuelle va plutôt mettre en valeur le contrôle émotionnel. Or pour se contrôler, il vaut mieux ne pas pleurer. Il y a une injonction sociétale à ne pas pleurer. Chez les hommes c’est signe de faiblesse, (c’est bien connu les hommes ne pleurent pas) et chez les femmes c’est un signe d’hystérie (Elle est si émotive "). Bref quoi qu’il en soit, ce sera mal vu. En plus, quand on pleure (souvent malgré soi) en public, on montre quelque chose de très intime : sa souffrance et sa vulnérabilité. Ce n’est pas facile de s’exposer et de se mettre à nu de cette façon.
- 2. En société face à quelqu’un qui pleure, nous perdons en général tous nos moyens, nous ne savons absolument pas comment faire face. C’est normal, puisque nous ne sommes quasi jamais confrontés à ce comportement. Du coup, nous avons peur de commettre une maladresse, de nous mettre nous-même à pleurer. Alors, on oscille entre évitement, malaise ou énervement.
Alors, comment réagir quand on voit quelqu’un pleurer ?
Au fond, quand on voit quelqu’un pleurer, il s’agit d’adopter une attitude de réserve mais aussi de présence et d’écoute (trouver ce subtil équilibre n’est pas toujours facile) : "Je vois que tu pleures, est-ce que ça va ? Souhaites-tu en parler" c’est une invitation sans obligation et une reconnaissance que quelque chose cloche.
Et pour celui qui pleure, alors ?
Finalement, ne pourrait-on pas s’imaginer pouvoir pleurer au travail ou en public ? Il ne s’agit pas de se transformer en pleureurs professionnels mais plutôt d’intégrer ce comportement possible au sein de diverses formes de réaction. Quand on vit une difficulté, on peut râler, argumenter, battre en retraite, s’énerver, s’écraser, pourquoi ne pourrait-on pas du coup pleurer aussi. Pleurer ne serait pas alors vu uniquement comme un élément problématique mais aussi comme une stratégie de réaction, qui permet peut-être plus facilement et plus rapidement de faire baisser la pression. Les larmes ne sont alors pas le témoin d’une faiblesse mais bien d’une affirmation de soi "Voilà, je suis comme ça et là je pleure". Elles montrent aussi une certaine dose de confiance en soi puisqu’elles signifient qu’on s’autorise à se libérer.