La Grande Forme

Pourquoi pleurer est bon pour le moral?

Pleurer, c'est bon pour la santé !

© Getty Images

Par Daphné Fanon via

Vous est-il déjà arrivé de pleurer en public, et de vous sentir mal à l’aise ? Pourtant, pleurer est bon pour la santé, autant sur le plan psychologique que physique. En moyenne, les femmes pleurent de 30 à 64 fois par an contre 6 à 17 fois pour les hommes. Comment expliquer cette différence et surtout, pourquoi pleure-t-on ? Les explications du Dr Caroline, psychiatre référent pour "La Grande Forme."

Les émotions agissent sur les glandes lacrymales par l'intermédiaire du système limbique (le centre des émotions dans le cerveau). Cela a été rendu possible par une mutation génétique qui s'est produite dans l'espèce humaine il y a des centaines de milliers d'années et qui a fait que le système limbique – centre fonctionnel des émotions – s'est connecté aux glandes lacrymales.

Ces larmes émotionnelles ont plusieurs fonctions :

  • Elles s’accompagnent d’une libération d’endorphines, elles permettent donc d’atténuer la douleur (physique ou morale)
  • Cathartique, elles permettent ainsi un soulagement des tensions psychiques. De plus, on retrouve dans les larmes des toxines et des molécules produites par le stress. Pleurer permet donc littéralement de s’en débarrasser.
  • Moyen de communication non verbale, pour donner un message à son entourage, on comprend ça particulièrement pour les bébés qui ne savent pas encore parler et qui expriment leur inconfort ou leur faim par cet unique moyen, mais c’est vrai également pour les adultes. Cela peut aussi désamorcer des situations tendues et donner le message "je ne vais vraiment pas bien là , on fait une pause "
  • Interaction avec l’autre : Les larmes d'émotion d'un individu pourraient contenir un signal chimique volatil. La personne en face peut sentir, par le biais des récepteurs de l'olfaction, et de façon inconsciente cette hormone. Cela serait à l'origine d'un effet sur l’état d'esprit de l’interlocuteur. Il y aurait donc des phéromones dans les larmes. (Article publié dans le Science en 2011)

Pourquoi est-ce difficile et mal perçu de pleurer en public ?

Pleurer seul, avec son conjoint ou un ami proche est une chose mais pleurer en public en est une autre.
  • 1. C’est en général difficile pour la personne qui pleure et c’est mal perçu car notre société actuelle va plutôt mettre en valeur le contrôle émotionnel. Or pour se contrôler, il vaut mieux ne pas pleurer. Il y a une injonction sociétale à ne pas pleurer. Chez les hommes c’est signe de faiblesse, (c’est bien connu les hommes ne pleurent pas) et chez les femmes c’est un signe d’hystérie (Elle est si émotive "). Bref quoi qu’il en soit, ce sera mal vu. En plus, quand on pleure (souvent malgré soi) en public, on montre quelque chose de très intime : sa souffrance et sa vulnérabilité. Ce n’est pas facile de s’exposer et de se mettre à nu de cette façon.
  • 2. En société face à quelqu’un qui pleure, nous perdons en général tous nos moyens, nous ne savons absolument pas comment faire face. C’est normal, puisque nous ne sommes quasi jamais confrontés à ce comportement. Du coup, nous avons peur de commettre une maladresse, de nous mettre nous-même à pleurer. Alors, on oscille entre évitement, malaise ou énervement.

Alors, comment réagir quand on voit quelqu’un pleurer ?

Au fond, quand on voit quelqu’un pleurer, il s’agit d’adopter une attitude de réserve mais aussi de présence et d’écoute (trouver ce subtil équilibre n’est pas toujours facile) : "Je vois que tu pleures, est-ce que ça va ? Souhaites-tu en parler" c’est une invitation sans obligation et une reconnaissance que quelque chose cloche.

Et pour celui qui pleure, alors ?

Finalement, ne pourrait-on pas s’imaginer pouvoir pleurer au travail ou en public ? Il ne s’agit pas de se transformer en pleureurs professionnels mais plutôt d’intégrer ce comportement possible au sein de diverses formes de réaction. Quand on vit une difficulté, on peut râler, argumenter, battre en retraite, s’énerver, s’écraser, pourquoi ne pourrait-on pas du coup pleurer aussi. Pleurer ne serait pas alors vu uniquement comme un élément problématique mais aussi comme une stratégie de réaction, qui permet peut-être plus facilement et plus rapidement de faire baisser la pression. Les larmes ne sont alors pas le témoin d’une faiblesse mais bien d’une affirmation de soi "Voilà, je suis comme ça et là je pleure". Elles montrent aussi une certaine dose de confiance en soi puisqu’elles signifient qu’on s’autorise à se libérer.
En moyenne, les femmes pleurent plus que les hommes
En moyenne, les femmes pleurent plus que les hommes © Getty Images

Les femmes pleurent-elles plus que les hommes ?

Les femmes pleurent de 30 à 64 fois par an contre 6 à 17 fois pour les hommes, une différence qui n’apparaît qu’à l’adolescence, selon une étude de la société allemande d’ophtalmologie (DOG). Jusqu’à 13 ans, filles et garçons pleurent à peu près autant. Deux raisons sont avancées : 
  • La première est hormonale : c’est parce que les femmes produisent différentes hormones féminines dont la prolactine, une hormone liée à la lactation. Cette prolactine serait liée à une affectivité plus grande, qui expliquerait non seulement la propension des femmes à pleurer plus que les hommes mais aussi que les femmes enceintes ou allaitantes sont particulièrement sensibles à la montée de larmes.
  • La seconde raison est d’ordre culturel et est liée à l’éducation. Les garçons ont moins l’autorisation de pleurer que les filles chez qui ce comportement est accepté voire encouragé.

Retrouvez "La Grande Forme" en direct du lundi au vendredi de 13 heures à 14h30 sur VivaCité. Vous avez manqué l’émission ? Nous vous invitons à la revoir sur Auvio ainsi que sur différentes plateformes de Podcast.

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