Finalement, c’est un fonctionnement ressemblant à celui du violon, du violoncelle et du piano : des cordes qui vibrent et un corps résonnant, tout cela maîtrisé par la technique et la sensibilité de l’interprète. Cependant, il existe une différence essentielle entre la voix et les autres instruments. Alors que les cordes du piano, du violon ou du violoncelle ont une taille et une épaisseur prédéfinies et toujours identiques, les cordes vocales, elles, diffèrent en fonction de chaque individu. Comme la couleur des cheveux ou le grain de peau, ces deux petites membranes sont uniques et propres à chacun.
C’est alors que se révèle l’aspect le plus insaisissable et touchant de cet instrument : il y a autant de voix que d’individus, elle est comme une empreinte digitale qui marque notre unicité. Socrate disait bien :
Parle, afin que je voie qui tu es !
Car la voix n’est pas interchangeable, elle fait partie intégrante de notre anatomie, et gare à qui voudrait jouer avec le sort (ou la génétique), nous rappelle le conte d’Hans Christian Handersen La Petite Sirène. En donnant sa voix à la sorcière des mers, la jeune fille mi-humaine mi-poisson renonce aussi à sa nature de sirène, et comme Faust qui vend son âme au diable, sa fin sera tragique.