Dans "l’oeil de Pierre Marlet" sur la Première, on a essayé de comprendre la portée de ce qui s’est passé ce dimanche en France, à travers 5 questions.
1. Un président qui n’obtient pas de majorité au lendemain de son élection est-ce inédit ?
Non, il y a un précédent. Celui de 1988 : Mitterrand qui avait confortablement battu Jacques Chirac. 275 sièges pour la gauche de Mitterrand
De justesse devant la droite classique de Chirac : 271. Et pour faire voter ses lois, le gouvernement devra s’appuyer parfois sur les communistes parfois sur les centristes c'est-à-dire le centre droit.
La différence avec 1988 c’est que François Mitterrand n’était qu’à 14 sièges de la majorité. Ici, la position d’Emmanuel Macron est beaucoup plus fragile : il lui manque 50 députés…
2. Emmanuel Macron est-il dès lors condamné à une cohabitation comme on l’a connu par le passé ?
Imposer la cohabitation, c’est comme cela que Jean-Luc Mélenchon l’a présenté à l’opinion : élisez votre Premier ministre.
Si la Nupes avait obtenu la majorité absolue, la cohabitation se serait imposée de fait. C’est ce qui était arrivé en 1986 avec un Premier ministre de droite et un président de gauche, rebelote en 1993 et en 1997 l’inverse : une Premier ministre de gauche avec un président de droite.
Ce qui arrive aujourd’hui est différent : il n’y a pas de majorité. Et comme le premier parti reste celui d’Emmanuel Macron, il n’y a a priori pas de raison de nommer un Premier ministre d’un autre parti que le sien.
3. Comment expliquer qu’Emmanuel Macron réélu président avec plus de 58% des voix ait connu un tel échec aux législatives ?
Pour deux raisons. D’abord une sorte d’effet de conscience. En 2017 beaucoup d’observateurs s’étaient demandé s’il allait obtenir une majorité, parce qu’il n’avait pas de parti derrière lui. Résultat : 308 députés pour la république en marche, soit 21 de plus que la majorité absolue, et même 350 avec ses alliés du Modem. Victoire éclatante à l’époque. Il n’a donc pas vu venir Jean-Luc Mélenchon et pas cru à sa capacité de rassembler la gauche dans une alliance électorale.
Ensuite le président de la République a choisi de ne pas mouiller son maillot, de jouer au président, s’affichant au plan international. Mais au plan national pas d’autre programme que "moi ou le chaos". Une campagne atone, sans vague face à un Mélenchon qui attirait la lumière.
En politique, quand on subit ou qu’on se cache, on triomphe rarement.