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Pourquoi les enfants et les ados doivent respecter leur sommeil encore plus qu’un adulte ?

Tendances Première: Le Dossier

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Nos ados et nos enfants ont une dette de sommeil qui augmente ces dernières années et qui est due principalement à l’usage excessif des écrans. Or, une dette chronique de sommeil peut entraîner une détérioration de leurs résultats scolaires et peut également avoir des répercussions sur leur santé quotidienne. Quelles sont les conséquences observées aujourd’hui de ces dérèglements des rythmes biologiques ? Comment y remédier ? Pour y répondre, le Dr Catherine Gillain neurologue, neuropsychiatre, spécialiste en réadaptation fonctionnelle est l’invitée de Tendances Première.

Respecter le rythme biologique de l’enfant et de l’ado est essentiel à sa croissance, mais aussi au fonctionnement optimal de son corps et donc de son apprentissage. "Nous sommes des êtres biologiques et non des robots. Cette magnifique création qu’est notre corps exige de respecter ce rythme alternatif de lumière-obscurité comme pour toute vie sur Terre" rappelle le Dr Gillain.

Une grande partie de la la qualité métabolique du corps et de la maturation du cerveau s’effectue la nuit. Pendant que l’enfant ou l’adolescent dort, l’hormone de croissance, l’hormone thyroïdienne, le système lymphatique qui renforce le système immunitaire ainsi que la maturation cérébrale, travaillent à plein régime.

Dormir la nuit est donc la première exigence. La deuxième sera d’avoir un nombre d’heures de sommeil suffisantes : de 12 heures chez l’enfant à 9 heures pour l’adolescent. Beaucoup de sommeil nécessaire mais pas à n’importe quel moment ! Ces processus se développent lors de la phase du sommeil profond et plus on se couche tôt, plus ils seront optimaux. Dormir 8h de 2h du matin à 10h n’est pas aussi réparateur que de 22h à 6h qui est la tranche horaire idéale. Le sommeil pendant la nuit est important pour tout le monde et est capital chez l’enfant et l’adolescent.

Le cerveau est biologiquement mature à 25 ans !

© Getty Images

Quand on parle de rythme biologique, on parle aussi de maturité cérébrale et de rythme métabolique. Un enfant n’est pas un adulte en miniature. L’enfant qui prend connaissance du monde vit une arborescence neuronale intense et crée des réseaux neuronaux qui vont peu à peu se spécialiser. Le développement de ces réseaux se fait la nuit, quand on dort.

Le sommeil vient avec le cortisol, hormone du stress, et la température corporelle qui diminuent. Elles laissent la place à la mélatonine, hormone du sommeil. Cela explique pourquoi il est important de ne pas être stimulé par la lumière bleue des écrans qui trompe le cerveau et qui la confond avec la lumière du jour et de ne pas pratiquer de sport le soir.

Au contraire, le comportement avant le sommeil que l’on nomme le train de sommeil, doit être reconnu et développé. "En journée, il faut des moments pour ne rien faire et ne rien penser" conseille ainsi la neurologue.

Les troubles de l’apprentissage, avant tout, sont dus au manque de sommeil

Un seul mode de stimuli, un seul biais cérébral fin va peu à peu réduire la capacité d’innovation, de curiosité et transforme la qualité des réseaux neuronaux. Apprendre, c’est créer des nouvelles synapses et en laisser d’autres. Apprendre, c’est un effort et cela demande du temps pour le développement de nouveaux circuits et de la répétition pour qu’ils s’intègrent.

Le cerveau de l’adolescent œuvre déjà dans une nouvelle capacité de jugement et de conscience de soi qui sera perturbée par l’immédiateté des informations numériques. Le cerveau n’a pas le temps fonctionnel de mémoriser et de métaboliser la nouveauté.

Comment mettre en place d’autres habitudes comportementales pour créer des cercles vertueux ?

Pour la neuropsychiatre, il est important de reconnaître que l’enfant apprend par mimétisme. Si le parent a un comportement personnel de gestion saine des écrans, respecte son sommeil, mange de façon équilibrée, il permet ce même comportement chez son enfant.

Par contre, toujours selon le Dr Gillain, la façon dont on ne développe plus l’échange interpersonnel dans la famille et où chacun vit dans sa bulle dès la petite enfance, accentue les troubles comportementaux de l’enfant et de l’adolescent. L’anxiété scolaire et chez l’adulte comme chez l’adolescent, l’anxiété tout court et la dépression sont liées à un manque de sommeil. Les informations anxiogènes de notre époque, ainsi que tout ce qui a été vécu lors de la journée se digèrent lors du sommeil. Stimuler l’amygdale via des stimuli incessants épuise le corps et l’esprit. Les écrans doivent être pris comme des outils et être utilisés à bon escient. Nous devons en être les maîtres et non le contraire estime la neurologue.

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