Le Maroc qui n’est pas épargné par la pandémie du coronavirus, n’a pas hésité à se tourner vers la Chine pour commander un vaccin anti-Covid. Le pays qui compte 35 millions d’habitants, comptabilise au total plus de 425.000 cas de contamination, dont 7130 décès. Et à ce jour, plus de 2000 nouveaux cas positifs sont en moyenne recensés au quotidien.
Le roi Mohammed VI l’avait annoncé en novembre dernier, une "opération massive de vaccination" contre le coronavirus allait être mise en œuvre dans tout le pays, dans les prochaines semaines.
Aujourd’hui, où en est-on ? Si aucune date de lancement n’a encore été annoncée, le processus va bon train, affirment les autorités. Le gouvernement marocain a annoncé avoir commandé 65 millions de doses des vaccins chinois Sinopharm et britannique AstraZeneca, chacun nécessitant deux doses par personne. De quoi cibler au total 25 millions de personnes. "Les préparatifs ont atteint des stades très avancés. Des exercices sur le terrain, couvrant toutes les étapes du processus de vaccination des citoyens, ont été mis en place", a indiqué le ministre de la Santé Khalid Ait Taleb, dans un communiqué.
La vaccination sera gratuite et non obligatoire, mais la population marocaine s’inquiète du manque de transparence autour des données expérimentales de ce vaccin chinois. Le parti conservateur de l’Istiqlal a interpellé le ministre de la santé au Parlement, lui reprochant de "faire des Marocains des cobayes dans cette course mondiale au vaccin menée par les grandes puissances".
De fait, la Chine ne s’en cache pas, elle nourrit le rêve de sortir gagnante de cette course mondiale. D’ailleurs, elle compte actuellement cinq vaccins en phase III, sur le top départ. Alors, que savons-nous du vaccin Sinopharm ? Et quels sont les enjeux derrière cette commande ?
Un accord entre Rabat et Sinopharm
Le Maroc a signé un accord de coopération avec le laboratoire chinois Sinopharm, le 20 août dernier. Un premier volet de cet accord prévoit que le Maroc participe aux essais cliniques de phase III du vaccin Sinopharm, dernière phase avant une possible homologation. En contrepartie, et si les résultats sont probants, le pays aura un accès prioritaire pour recevoir dix millions de doses de ce vaccin, avant la fin de l’année. De fait, à l’automne, près de 600 volontaires marocains ont participé à la phase III de ces essais.
L’accord prévoit aussi une présence "stratégique" de Sinopharm au Maroc, avec en plus des essais cliniques, un transfert de technologie et d’expertise. Une unité de production devrait être implantée dans la Cité Mohammed-VI Tanger Tech, un ambitieux projet de ville nouvelle lancé en 2017, au nord du pays, destiné à accueillir quelque 200 entreprises chinoises.
L’idée à terme est de "s’ouvrir au Sud et au Nord", avait affirmé Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération africaine, "pour que le futur vaccin contre la Covid-19 soit accessible à tous, en particulier le continent africain".