La blockchain (chaîne de blocs) est ce protocole informatique rendu célèbre par les cryptomonnaies, les fameux bitcoins. Mais ce protocole n’est pas qu’un outil financier. Il permet aussi de stocker et de transmettre des informations (des données, des paiements, des contrats), de manière sécurisée, sans passer par un organe central de contrôle. Et c’est là toute son originalité : la blockchain fonctionne comme un immense livre comptable (transparent et immuable) dont les données sont conservées (en bloc) sur des milliers de serveurs.
Ce registre contient l’historique de tous les échanges réalisés entre ses utilisateurs depuis sa création. Si un individu vend un objet, cette transaction sera mémorisée sur des milliers de serveurs. Et c’est cela qui garantit la fiabilité des informations. Si quelqu’un tente de changer les données d’un bloc, tous les autres serveurs informatiques lanceront une alarme pour falsification. Et l’avenir de cette technologie semble assuré : en 2018, les fonds de capital-risque ont investi 4 milliards de dollars dans la blockchain.
Vers une « désubérisation » de la société
La vraie révolution de la chaîne de blocs viendra de la suppression des intermédiaires en ligne. Pour vendre ou acheter, il ne sera plus nécessaire de passer par des entreprises comme Ebay ou 2ememain.be. Comme l’explique le juriste Axel Beelen, spécialiste belge de la blockchain, nous assistons à la « désubérisation » d’UBER. Dans ce modèle, un transfert d’argent ne passera plus par la banque du débiteur vers celle du bénéficiaire du montant, ni même par le réseau international SWIFT. Le transfert se fera directement d’un compte à l’autre. En principe plus vite, sans commission, ni risque de fluctuation monétaire. Ce système existe déjà pour les entreprises, sous le nom de Ripple. Une banque Saoudienne réalise ainsi ses transactions internationales via la blockchain. Des solutions analogues existent aussi au Venezuela, où des cryptomonnaies alternatives remplacent la monnaie nationale en déliquescence. Cela se développe également dans certaines zones d’Afrique où le système bancaire est peu développé. Chez nous, la chaîne de blocs pourrait perturber des systèmes de transfert d’argent comme Western Union ou MoneyGram. Tous deux utilisent (ou vont utiliser) le système d’échange bancaire Ripple basée sur la chaîne de blocs.