La semaine dernière, le milliardaire Elon Musk a été le premier entrepreneur privé à lancer une fusée habitée dans l’espace. Mais pourquoi veut-il aller dans l’espace ? Et plus largement : à quoi ça sert d’envoyer des gens sur Mars ? Pasquale Nardone ramène sa science.
Le week-end dernier s’est déroulé le premier vol spatial habité réalisé par une entreprise privée, SpaceX, dirigée par Elon Musk. Cette expérience a été réalisée pour le compte du gouvernement américain.
Mais le but principal d’Elon Musk est d’utiliser l’espace pour améliorer la communication, en développant tout un système de satellites. Et il ne cache pas son envie d’envoyer des hommes sur la planète Mars, ce qu’il appelle 'le plan B'.
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Une première et un bon coup de pub !
Depuis sa création en 2011, aucune fusée américaine n’a transporté d’astronautes américains vers la Station Spatiale Internationale ISS ; ils utilisaient des lanceurs russes, rappelle Pasquale Nardone.
La NASA a sous-traité à SpaceX la fabrication d’un lanceur, grâce auquel ils ont réussi, pour la première fois, à envoyer, grâce à une fusée américaine mais privée, des hommes dans l’espace, sur la station spatiale.
C’est une prouesse technologique et une énorme publicité, qui va bénéficier à Elon Musk et à la société SpaceX qui exploitera les satellites de communication.
Starlink, 42 000 satellites
Ce qui intéresse surtout Elon Musk, c’est son projet Starlink, qui consistera à couvrir la Terre de 42 000 satellites – c’est environ 6 fois plus que tout ce qui a été lancé à ce jour – dans le but de fournir internet partout sur Terre, quel que soit l’endroit. Sa fusée envoie des paquets de 60 satellites à la fois. On en compte déjà 300 à 400 en orbite. Il espère atteindre 12 000 satellites pour 2025. Les astronomes et les défenseurs de l’environnement se plaignent, souligne Pasquale Nardone.
L’objectif est commercial avant tout. Le bénéfice escompté par cette opération se monte à 30 milliards de dollars, grâce au fait que chacun paiera pour bénéficier des services des satellites SpaceX.
Mais qui peut envoyer des satellites ?
Cela fonctionne selon des règles et des accords internationaux. C’est ainsi qu’Elon Musk a reçu l’autorisation de mettre en orbite ses satellites.
Chaque agence spatiale a le droit d’envoyer un certain nombre de satellites, mais doit communiquer.
Les ambitions futuristes d’Elon Musk
Elon Musk est futuriste et il a l’ambition d’aller sur la Lune, d’aller sur Mars et de développer un tourisme orbital : moyennant finances, vous pourrez aller passer 15 jours dans la Station Spatiale Internationale. Et cela risque bien d’arriver…
Elon Musk est bien sûr intéressé par le bénéfice généré, mais il a aussi une ambition intellectuelle : il a un bachelor en physique et une réelle affinité pour tout ce qui concerne l’espace.
La Nasa pensait retourner sur la Lune autour de 2024, pour étudier comment les humains peuvent vivre de façon autonome dans un endroit peu accueillant, sans atmosphère, à la gravité basse. Elle a aussi le projet d’aller sur Mars, vers 2033.
Elon Musk a, pour sa part, prévu de concrétiser sa Mars Base Alpha pour 2028. Il envisage de fabriquer de nouveaux lanceurs, d’accumuler de nouvelles connaissances : comment on peut, par exemple, fabriquer de l’oxygène de façon autonome dans une station fermée, ou comment on peut extraire de l’eau des roches, de l’eau souterraine…
Ce sont des problèmes technologiques et scientifiques que la Nasa explore mais que, désormais, la société privée SpaceX explore aussi.
Mars, un plan B ?
Mars n’est pas un plan B, affirme Pasquale Nardone. On ne peut pas vivre sur Mars, la gravité est plus faible que sur terre, il n’y a pas d’atmosphère, la pression est extrêmement basse.
"Le projet complètement futuriste d’Elon Musk d’installer une station qui pourrait accueillir un million d’habitants, c’est tout à fait de la science-fiction. Ce n’est donc pas un plan B ! Il vaut mieux s’occuper du plan A, c’est-à-dire s’occuper de notre Terre, des problèmes de réchauffement et des problèmes d’eau !"