Alors, notre rédaction a-t-elle décidé de glisser des points médians ici et là ? Pas vraiment, en tout cas pas systématiquement. "On n’a pas tranché pour dire si on allait l’utiliser ou pas. En attendant, on ne l’utilise pas", détaille Thomas Mignon, le responsable adjoint du site info.
Frédéric Gersdorff, directeur adjoint de l’Information à la RTBF, confirme : "On en parle quand ça fait l'actualité, que ce soit sur son impact ou la critique que cela engendre. Mais il n'y a pas de consigne ni de demande."
Pourtant, parfois, des points médians surgissent dans nos articles. "C’est la difficulté du site. Il y a tellement de productions et de rédacteurs dans différentes rédactions, ce qui fait que, parfois, certains se disent que ça s’y prête."
Cela veut-il dire que nous comptons systématiquement faire primer le masculin sur le féminin ? Non, un travail de fond existe dans les différents rendez-vous d’information pour féminiser ou masculiniser certaines professions. Nous vous en parlions déjà en 2019.
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Quand c’est nécessaire, les journalistes ou les gestionnaires de pages sur nos réseaux sociaux utilisent aussi des "doublets complets". Comme l’explique le guide "Inclure sans exclure, les bonnes pratiques de rédaction inclusive", publié en 2020 par la Fédération Wallonie-Bruxelles, cela consiste à décliner les mots au féminin et au masculin. C’est la technique utilisée dans cet article de novembre 2020 qui débute par la phrase "des futurs infirmiers et infirmières sont en colère".
A la rédaction, écrivions-nous en 2019, le conseil est notamment de "ne pas hésiter à doubler le terme quand cela n’alourdit pas le récit".
De l’importance d’être compris
Doubler les noms communs, Adrien Demet, le social editor de la page RTBF Info, y recourt parfois aussi. "Ça me parait plus vivant comme ça. J’ai déjà mis 'les enseignants et les enseignantes'. En radio c’est ce qu’on ferait", observe-t-il. Problème : doubler les mots ou rajouter des points complique parfois un peu la lisibilité du texte.
"Une accroche doit être facile à comprendre directement. Notre cerveau n’est pas habitué au point médian. La compréhension est moins directe et on perd le côté 'easy to catch'. Surtout si on a trois éléments en écriture inclusive qui se succèdent", ajoute Adrien.
Comprendre vite le sens de la phrase… voire le comprendre tout court. C’est l’un des freins mis en avant par Anne Dister. Cette linguiste qui enseigne à l’Université Saint-Louis à Bruxelles est, avec sa consœur Marie-Louise Moreau, l’auteure du guide "Inclure sans exclure". "On voit que ce sont les populations les plus faibles qui ont du mal avec l’écrit. C’est un vrai enjeu démocratique d’avoir des textes faciles à lire et compréhensibles", nous explique-t-elle.