Nos régions sont rythmées par les mélodies du carillon, le plus gros instrument du monde. Carillonneuses et carillonneurs jouent de leur passion dans nos villes et nos campagnes. Ils sont de plus en plus nombreux et pourtant, on ne connaît pas grand-chose de leur profession. Portraits de celles et ceux qui réalisent un métier rare, atypique et surtout méconnu.
Audrey Dye, la passion au cœur de Wavre
Audrey Dye est la carillonneuse officielle de Wavre depuis 2012. Première femme à occuper ce poste, elle est aussi co-titulaire du carillon de Mons depuis 2010 : " Ce n’est pas un instrument de salon. C’est un instrument monumental qui fait partie d’un monument, d’un lieu et souvent d’une ville. L’aspect musique me passionne et l’aspect patrimoine, histoire, folklore est super intéressant " confie-t-elle à nos confrères de TV Com dans le reportage "La carillonneuse de Wavre, une musicienne dévouée et soucieuse de transmettre son art".
C’est depuis le clocher de l’église Saint Jean-Baptiste que les mélodies du carillon de Wavre et de ses cinquante cloches retentissent au cœur des ruelles de la ville du Brabant Wallon.
Souhaitant partager son savoir, Audrey Dye propose des cours de carillon depuis plusieurs années à l’Académie de Musique de Wavre. Il faut compter deux à trois ans pour apprendre à jouer du carillon, quand on a déjà quelques bases en solfèges et si on maîtrise déjà bien le piano. Dix ans pour les novices.
Outre son répertoire de musiques pour carillons, Audrey Dye propose une musique pour toutes et tous. " Je ne joue pas pour moi. Je suis employée communale. Je joue pour toute la ville. Les gens ne choisissent pas de m’écouter. Je m’impose un peu à eux ". Il est ainsi possible de réaliser des morceaux partant de la pop, à la variété, du rock au jazz et même des musiques de film. Le carillon peut aussi être couplé avec d’autres instruments comme de la flûte, de la trompette, une guitare ou encore un piano. La créativité est donc l’un des maîtres-mots des carillonneurs !
Patrice Poliart, depuis le Beffroi de Mons
Patrice Poliart est carillonneur depuis plus de 20 ans. Il réalise une carrière de boulanger à Soignies non loin de la Collégiale Saint-Vincent. C’est alors qu’il se rend compte que le carillon de cette Collégiale est très peu utilisé. Il décide de suivre des cours pour apprendre à en jouer. Il obtient son diplôme de carillonneur après dix ans d’études. Aujourd’hui, il retrouve régulièrement le Beffroi de Mons avec ses 49 cloches, ses 87 mètres de haut et ses 365 marches.
Patrice Poliart apprécie jouer de la musique baroque et contemporaine. Il souligne la nécessité de jouer des morceaux que les citoyens puissent reconnaître : " Ce qui me fait le plus plaisir, c’est quand on me demande de jouer tel ou tel morceau " confiait Patrice Poliart à nos confrères de Télé MB dans ce reportage de 2019.
Liège, terre de carillons et de Jean-Christophe Michallek
Jean-Christophe Michallek est un carillonneur liégeois. Pour lui, le carillon n’est pas qu’un simple instrument, il touche aussi plusieurs domaines différents : " Le carillon est très proche de l’histoire. Il touche aussi le monde du tourisme, culturel et social. Il ne laisse pas indifférent ! ". Mais réaliser ce métier, c’est aussi avoir une bonne condition physique : " On monte en haut des tours, il faut avoir de bonnes jambes ! On joue aussi avec nos bras, nos pieds… ". Les carillons modernes sont cependant plus simples à manipuler.
Selon Jean-Christophe, le carillon semble avoir trouvé un certain engouement. Et les nouvelles technologies, ainsi que des outils comme Facebook et YouTube permettent aujourd’hui de poser un visage sur les morceaux joués. Le musicien n’est désormais plus caché dans sa tour.
Pour Jean-Christophe Michallek, la reconnaissance de la culture du carillon en Belgique par l’UNESCO en 2014 a créé une nouvelle visibilité. Idem avec le succès du film " Bienvenue Chez les Ch’tis " qui a contribué à cet engouement en touchant un large public. " Au plus il y aura de points de repère, au plus le public va vulgariser ses connaissances dessus. C’est de l’information à différents étages, c’est de la complémentarité d’informations " nous confie Jean-Christophe.
Stephano Colletti est le carillonneur qui a réalisé les bandes-son des carillons pour le film " Bienvenue Chez les Ch’tis ". Le musicien français était en visite à Liège en juillet dernier. Il est actuellement professeur au conservatoire régional de Douai et a notamment participé au concours de carillon Reine Fabiola en 1998 où il est arrivé finaliste.
Après avoir été contacté par une équipe de tournage du film " Bienvenue Chez les Ch’tis " pour des cours de carillon, Stephano a donné rendez-vous à Dany Boon au carillon de Douai. Mais l’acteur s’est vite rendu compte que le carillon est un instrument qui ne s’apprend pas si facilement que ça et a laissé le soin à Stephano d’enregistrer les différentes musiques pour le film. Un très grand souvenir !
La famille Clément, jamais loin de Tournai
François Clément est carillonneur et retrouve régulièrement sa chambre de concert au Beffroi de Tournai. Ce dernier est le plus ancien de Belgique et date de la fin du 12e siècle. Mais chez les Clément, on est carillonneur depuis plusieurs générations : " Le jour du mariage de ma sœur, mon grand-père avait invité ses amis carillonneurs et je me suis fait coincer entre quatre murs en me demandant quand est-ce que je reprenais. J’avais 23 ans et je venais de terminer mes études. Je me suis dit pourquoi pas… " confie François Clément à Cédric Wautier.
La famille Clément, c’est une famille de carillonneur ! Maurice Clément a lui été l’un des carillonneurs de Tournai à partir des années 1940. Il retrouvait avec passion le carillon du Beffroi de Tournai. L’occasion de découvrir cette magnifique archive capturée par nos confrères de Notélé en 1982.