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Portrait of a Lady, une histoire de la représentation des femmes à la Fondation Boghossian

Beauty, Rosemarie Trockel, 1995 -  affiches de portraits "idéaux" réalisés à l'aide d'un algorithme,

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Portrait of a Lady est un projet ambitieux: créer une ligne du temps de la représentation de la femme dans l'art. Un sujet immense où les choix du ou de la commissaire d'expo sont primordiaux. Louma Salamé relève le défi en 5 chapitres, de L'Origine à La Question du genre. De la Préhistoire au XXIe siècle, Portrait of a Lady à la Fondation Boghossian est, bien évidemment, l'histoire d'une émancipation.

Venus de Willendorf, 24 à 22.000 avant JC -  moulage contemporain
Golen shoes with pins, Hans-Peter Feldmann, 2006

Femme objet

Les cinq première salles de la Villa Empain, de l'ère paléolithique au début XXe, nous montre comment la femme en Occident est peinte et sculptée par des hommes ( les femmes sont exclues des pratiques artistiques) pour le regard des hommes (même si une théorie contemporaine propose que les Vénus de fertilité du néolithique aient été l'œuvre de femmes). On peut y voir la place assignée aux femmes dans la société -la sphère domestique- et les fantasmes érotiques, soft dans les choix de la commissaire, de ces messieurs. Une salle est réservée aux représentations du nu féminin et à l'Orientalisme. 

Louma Salamé est au micro de Pascal Goffaux pour une présentation globale de l'exposition :

Super Oum, Fatima Mazmouz, sans date
Super Oum, Fatima Mazmouz, sans date © Xavier Ess

Femme sujet

Les 6 chambres suivantes sont majoritairement consacrées aux portraits de femmes réalisés à partir de la seconde moitié du XXe siècle, cette fois par des femmes et quelques hommes. S'y développe une dynamique intrinsèquement féministe, de critique historique, de critique des normes imposées aux femmes et globalement de réappropriation de son identité, de sa (re)présentation, de son corps. Pour s'exprimer, les femmes se sont historiquement emparées de media moins nobles, comme la photographie, la video et la performance. On le constate ici avec par exemple deux photos de Katrien Vermeire, portrait d'une jeune femme au regard frontal mais aussi intérieur, en miroir avec son espace psychique (ou le nôtre ?) : un paysage littoral du Kent. L'autofiction est une autre voie de l'expression de soi. La mise en scène de son corps comme sujet et la multiplication des identités par la fiction. "Je suis plurielle" nous dit Ariane Loze dans la video Décor. Une déambulation sans fin à plusieurs personnages tournée dans les décors la Villa. On pense au pseudo-réalisme d'Eric Rohmer, le déluge de paroles en moins. Beaucoup plus trash et libertaire dans sa forme comme dans son propos, c'est la courte video speedée Super Oum de Fatima Mazmouz, le délire ménager d'une super-mère enceinte jusqu'aux yeux qui ne sait plus où donner de la tête... qu'elle a perdue sous le poids des tâches domestiques. 

Rikva et Dungeness, Katrien Vermeire 2001
Rikva et Dungeness, Katrien Vermeire 2001 © Tous droits réservés
Ariane Loze joue tous les personnages dans sa video "Décor" tournée à la Villa Empain
Ariane Loze joue tous les personnages dans sa video "Décor" tournée à la Villa Empain © Xavier Ess

Les questions de genres, avec les inévitables personnes trans*, ont inspiré un tableau troublant à Gauthier Hubert, où une certaine fatalité remplace la fierté habituelle des portraits de personnes non-binaires. Les portraits d'adolescentes américaines de Eva Verbeeck, soldate ou grrrl disent bien la diversité des représentations du féminin aujourd'hui. 

Blanche-Neige morte, Gauthier Hubert, 2016-2020
Kalyn Age 15, Eva Verbeeck

L'étalon talon

Louma Salomé a flashé sur la chaussure à talons, indémodable accessoire d'une féminité chic et érotisée... qui fait mal aux pieds. Deux belles pièces viennent tordre l'injonction: les talons poids lourd en bronze poli de Sylvie Fleury, impossibles à porter et qui disent bien le marqueur de classe et l'humour piquant de Hans-Peter Feldmann qui recouvre les chaussures de punaises. 

Regardez c'est bien, tester c'est mieux

Des talons encore, mais à porter cette fois en déambulant dans l'exposition. Hommes et femmes sont conviés à participer à A Mile in my Shoes une installation participative proposée par l'Empathy Museum. L'expression "A Mile in my Shoes" est une métaphore signifiant voir le monde à travers les yeux d'un autre pour le comprendre. L'Empaty Musueum prend l'expression à la lettre et nous invite à choisir une paire de chaussures appartenant à une personne qui nous raconte son histoire via un casque audio. Nous voilà seul.e avec la personne sous le regard des autres. Qu'est-ce qu'être un enfant de Téhéran, une travailleuse du sexe ou un ancien prisonnier ? Une expérience intime d'empathie étrangement puissante. Les stilettos voisinent avec les combat shoes, y en a pour tous les goûts. 

A Mile in my Shoes, mode d'emploi , Empathy Museum
A Mile in my Shoes, Empathy Museum

En pratique : 

Portrait of a Lady - Fondation Boghossian 

Du 24 mars au 04 septembre 2022


Harem #18, Lalla Essaydi  2009
Harem #18, Lalla Essaydi 2009 © Tous droits réservés

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