"J’ai toujours 2000 tonnes dans mon hangar", explique un agriculteur de la région montoise. Il tient à rester anonyme, par peur de représailles, car il ne mâche pas ses mots. "On nous abandonne. J’entends que des indépendants sont soutenus par le gouvernement, parce qu’ils vont avoir un manque à gagner. Moi, ma récolte elle est vraisemblablement perdue. J’ai engagé des budgets énormes, j’ai dépensé de l’argent pour acheter des plants, pour travailler, maintenant conserver les pommes de terre. Les frais courent, et il n’y a rien comme aide ni compensation".
Des aides du gouvernement ?
Cet agriculteur réclame une aide du gouvernement. "Cela se met en place aux Pays-Bas", confirme Pierre Lebrun, de la FIWAP. "50 euros la tonne. Rien de semblable chez nous pour le moment, mais les gouvernements sont au courant de la crise".
A Frasnes-Lez-Anvaing, John Van Merhaeghe a récolté un millier de tonnes de pommes de terre cette saison. Il lui en reste une centaine de tonnes sur les bras. Il sent bien que les usines avec lesquelles il travaille, pour ses contrats, ne lui prendront pas les surplus. "Ils ne sont pas acheteurs des quantités 'hors contrat'. Au mieux, s’ils achètent quelques pommes de terre, ce serait à 15 euros la tonne. Soit 10 fois moins que le prix des contrats. 15 euros c’est le tarif pour les pommes de terre transformées en aliments pour animaux !". Lui ne pense pas que les aides financières du gouvernement soient un bon signal. "La situation actuelle est pour moi un peu similaire à ce qu’on connaît dans le secteur laitier ces dernières années. La crise qu’on connaît dans les prix était inéluctable. Un jour ou l’autre, ça devait arriver ! Je ne suis pas étonné. On écoute les usines. Et on se retrouve à produire des grandes quantités de pommes de terre, ou de lait. Et quand une crise voit le jour, alors on se pose la question s’il faut demander une aide au gouvernement."