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Pologne : la justice dénonce l’interdiction d’accès aux médias à la frontière biélorusse

Migrant Crisis Continues On Polish-Belarus Border

© 2021 Handout

La Cour suprême polonaise a dénoncé comme "incompatible" à la loi en vigueur l’interdiction d’accès aux médias à la zone frontalière polono-biélorusse où la presse est empêchée de relater la crise migratoire en cours depuis six mois, dans les motifs d’un jugement consultés mercredi par l’AFP.

En réponse aux tensions avec la Biélorussie et à l’apparition à ses portes de migrants tentant de gagner l’Union européenne, la Pologne a construit une clôture de barbelés et massé des milliers de soldats le long des 400 kilomètres de frontière polono-biélorusse.

Elle a aussi imposé en septembre, tout au long de la frontière, un état d’urgence dont les dispositions ont été reconduites à son expiration trois mois plus tard par un arrêté ministériel qui bloque toujours l’accès aux journalistes mais aussi aux organisations humanitaires empêchées ainsi du droit de porter secours aux migrants qui errent dans les forêts par les températures souvent au-dessous du zéro.

La Constitution garantit "la liberté de circuler sur le territoire de la Pologne", mais aussi "de collecter et de diffuser les informations", a souligné la Cour suprême dans sa décision prise mardi.

Quid des médias ?

Pour ce qui est des médias, "il n’est pas justifié d’admettre que ce groupe professionnel précis représente une menace à des démarches entreprises" par l’État, ont estimé les juges.

La Cour suprême a été saisie de la question après l’arrestation par la police fin septembre de deux journalistes de la chaîne de télévision Arte et d’une journaliste de l’AFP qui se sont retrouvés par erreur de navigation dans la zone interdite.

Après une détention de plus de 24 heures, les journalistes ont été jugés et condamnés par un tribunal local. Le plaignant a requis des amendes de 500 euros pour chacun, mais le juge a décidé d’une peine d’admonition.

La chambre pénale de la Cour suprême s’est aussi opposée à "toute restriction à la protection de la dignité humaine, de la vie et au traitement humanitaire", alors que nombre d’ONG et institutions internationales se sont plaintes de l’impossibilité de porter secours à des migrants en détresse et parfois en danger pour leur vie.

La Cour suprême en Pologne n’a pas le droit de lever les actes législatifs, néanmoins "sa décision doit être prise en considération par les tribunaux de droit commun en cas de procès similaires", a expliqué à l’AFP mercredi Konrad Siemaszko, expert juridique de la Fondation Helsinki pour les droits humains.

Sur le même sujet: JT 18/11/2021

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