Selon d’anciens échanges de courriers électroniques révélés par la VRT, il est clair que le politique a freiné en 2017 la communication sur la pollution au PFOS à Zwijndrecht. Les mails semblent pointer la ministre flamande de l’Environnement de l’époque, Joke Schauvliege (CD&V), et celui qui était compétent pour la Mobilité et les travaux de la liaison Oosterweel, le N-VA Ben Weyts.
Lantis, l’organe qui gère ce vaste chantier, et le gouvernement flamand s’étaient demandé ce qu’il fallait dévoiler de la pollution des sols autour de l’usine 3M, découverte dans le cadre de la préparation du chantier de l’Oosterweel. Il avait été décidé de ne pas communiquer vers le public, mais on ne sait pas exactement qui a pris cette décision.
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Un échange de mails précédemment dévoilé montrait que Lantis avait insisté en 2017 auprès de l’OVAM, l’entreprise publique flamande en charge des déchets, pour communiquer au sujet de la pollution et effectuer des mesures supplémentaires à Zwijndrecht. Ce message a largement circulé dans le milieu politique. Mais l’OVAM n’a pas suivi cette demande. L’organe affirme qu’un ministre lui a demandé de ne pas communiquer.
J’ai entre-temps reçu du cabinet l’instruction expresse de ne pas prendre d’initiative de communication dans ce dossier et de ne pas lancer d’examen de contrôle de la zone d’habitation
Un nouveau courrier électronique, également daté de septembre 2017, apporte plus de clarté. Il s’agit d’un mail en interne d’une personne occupant un poste à responsabilités à l’OVAM. On peut entre autres y lire : "J’ai entre-temps reçu du cabinet l’instruction expresse de ne pas prendre d’initiative de communication dans ce dossier et de ne pas lancer d’examen de contrôle de la zone d’habitation".
Joke Schauvliege était à ce moment-là la ministre de tutelle de l’OVAM, mais a toujours réfuté avoir donné pour instruction de se taire.
Ben Weyts, également au courant
Il ressort d’autres mails que le chef de cabinet du ministre de tutelle de Lantis, Ben Weyts, était impliqué dans la prise de décision sur la communication au sujet de la pollution au PFOS. Ce que Ben Weyts lui-même n’a jamais nié : il était au courant mais ce n’était pas de sa compétence de communiquer et l’OVAM avait d’ailleurs jugé qu’il n’y avait pas danger pour la santé publique, affirme-t-il.
Ces documents donnent toutes les raisons de douter de l’intégrité du gouvernement flamand
Entre-temps, les critiques sont bien là. L’élue Groen Mieke Schauvliege a réagi en pointant qu’il y a "de plus en pus de preuves que le gouvernement flamand (précédent, NDLR) n’a pas joué cartes sur table au sujet de la présence" de substances nocives sur le site du chantier Oosterweel. "Cela sent l’étouffement", indique-t-elle. "Ces documents donnent toutes les raisons de douter de l’intégrité du gouvernement flamand."
Une séance de la commission d’enquête du parlement flamand consacrée à l’affaire a lieu ce vendredi (à partir de 14h00), lors de laquelle des représentants de Lantis seront entendus.