Des policiers en grève générale? Pas encore, mais la menace se précise. Elle ne concerne plus un département mais l’ensemble de la police. Ce matin, quatre syndicats (en front commun) vont déposer un préavis de grève. Principale raison du mécontentement: le manque d'effectifs opérationnels. Mais le malaise est plus général. Car deux ans après les premiers attentats terroristes, les autorités demandent aux policiers de maintenir un effort constant avec des moyens qui ne suivent pas. Conséquence: les policiers au travail sont sous pression constante.
Priorité à la lutte contre le terrorisme
La priorité légitime est d'assurer la sécurité de la population, il faut donc disposer de nombreux services d'ordre pour encadrer une multitudes d'événements et de manifestations publiques. Ce sont trop souvent les autres services qui paient la note. En raison du maintien de la menace terroriste à un niveau élevé, les patrons de la police peuvent déroger aux règles pour gérer le personnel. En matière d'horaires de travail ou de congés ils disposent d'une grande flexibilité. Ils peuvent déplacer temporairement du personnel pour certaines missions. Résultat faute de policiers en suffisance, leur vie privée est sacrifiée. Ils ne parviennent plus à faire ce qu’on fait tous: avoir des activités sociales ou partager des congés en famille.
Les conditions de travail se dégradent
Les policiers ne savent plus récupérer leurs heures supplémentaires ou prendre leurs congés, la liste des "burn-out" et des congés maladie s'allonge, ce qui accentue encore le phénomène de pression pour ceux qui sont au travail. Un cercle vicieux dont il est difficile d'entrevoir la fin dans le contexte de la lutte contre le terrorisme. S’ajoute à cela aussi la dégradation des conditions de travail: le manque d’équipements adaptés dans différents services suite au manque d'investissements depuis une décennie. Le manque de locaux sécurisés est aussi la source d'un stress supplémentaire.
Refinancer durablement le département
Partout les coupes budgétaires opérées sur plusieurs législatures ont fait des dégâts. A un moment où le besoin de policiers en nombre et bien formés se fait sentir, il n'y en a plus suffisamment. Le tribut à payer à l'imprévoyance. Les services publics de la police et de la justice sont aujourd'hui très sollicités. Ce sont les garants de l'ordre démocratique. Faut-il s'étonner du délitement qu'on observe au fil du temps? Pour les syndicats, il faut refinancer sur le long terme le service public. Car les augmentations décidées en urgence après les attentats ne suffiront pas pour remonter la pente. Les recrutements annoncés suffiront à peine à combler les départs à la pension...
Adapter les missions aux capacités réelles et investir sur le long terme
A court terme, il faut adapter les missions aux réelles capacités policières disent les syndicats. Pour réduire la pression sur les effectifs opérationnels. Cela ne veut pas dire supprimer des services, ni privatiser, mais établir des priorités et décider d'investir massivement sur le long terme dans les services régaliens de l'Etat. Un message adressé à la fois à la direction de la police fédérale, au ministre de l'Intérieur et au Gouvernement dans son ensemble.