En écho direct au film Sans frapper d’Alexe Poukine, le podcast Dis-moi oui, réalisé par Marie Charette, propose d’interroger nos conditionnements face à la sexualité et aux genres. Deux ans après la déferlante #Metoo, ce podcast questionne de façon apaisée et constructive nos relations à travers le prisme du consentement. Six épisodes pour nourrir la réflexion sur nos sexualités et rompre nos schémas pour évoluer.
Deux ans après #MeToo, en cette période de libération de la parole et de l’écoute, et à l’occasion du #25 novembre, journée mondiale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, la RTBF et le Centre Vidéo de Bruxelles ont lancé le podcast "Dis-moi oui" : 6 épisodes de 20 minutes pour interroger nos sexualités, notre rapport au désir, nos tabous et les dynamiques inconscientes qui s’expriment dans notre relation à l’autre.
De notre éducation sexuelle au 'droit d’importuner', en passant par les références culturelles qui façonnent nos relations et nos sexualités et la fameuse 'zone grise', le podcast décortique ces notions qui ont été de plus en plus débattues dans les médias ces dernières années.
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Donner la parole aux femmes ET aux hommes
Au fil de ses conversations autour de la sexualité, la journaliste Marie Charrette a constaté qu’il y avait beaucoup de souffrance à ce sujet, autant chez les hommes que chez les femmes. Après avoir découvert le film sur le viol, Sans frapper d’Alexe Poukine, elle s’est dit qu’il y avait un réel besoin de recréer le dialogue entre hommes et femmes, de rendre la parole à tous.
"On a l’impression, depuis #MeToo, que la parole s’est libérée, mais ce n’est pas tout à fait le cas. Les femmes ont beaucoup parlé, mais aujourd’hui, il est important que les hommes et les femmes se parlent."
#MeToo a libéré une certaine forme de parole, à savoir la sexualité quand elle est mal vécue, quand elle est violentée, mais ce n’est pas la sexualité dans sa globalité !
"La sexualité est quelque chose de chouette à la base ! L’idée du podcast est de voir dans quelle mesure on peut dépasser les problèmes".
15 témoignages
Le podcast donne la parole à 15 personnes au sujet de leur imaginaire lié à la sexualité. Il dépend de l’éducation, de la culture, des schémas que l’on se construit au fil des années. Il ressort de ces témoignages beaucoup de fragilité, beaucoup d’affectif, parce que la sexualité touche à l’intime. Les témoins se sont ainsi découverts eux-mêmes pendant les interviews, des choses se sont révélées à eux, à leur grande surprise.
"On a beau théoriquement avoir de belles idées sur ce que devrait être la sexualité idéalement, je pense que dans la pratique, on est tous conditionnés et que c’est bien d’échanger pour s’en rendre compte, tout simplement. On a déjà ses propres schémas, on se rend compte que le consentement, c’est aussi de soi à soi".
Le consentement n’est pas une notion évidente : ce n’est pas une question d’un simple non ou d’un simple oui, il y a énormément de nuances à apporter, comme le montrent les podcasts Dis-moi oui.
Un vrai besoin d’en parler
Marie Charrette a parlé du sujet du podcast à quelques connaissances, cela a fait boule de neige et elle a reçu des dizaines de mails de gens qui souhaitaient participer, malgré le sujet difficile. Cela l’a surprise et en même temps confortée dans l’idée que le podcast était nécessaire, parce qu’il y a un vrai besoin.
L’absence d’images joue un rôle dans la libération de la parole, il y a un rapport à l’anonymat et donc à l’intime. C’est pour cela que Marie Charrette aime le son et la radio depuis toujours : on se confie beaucoup plus facilement quand on n’est pas face à une caméra.
Il était fondamental pour elle que les hommes aient la parole, parce que depuis deux ans, ils ne l’ont pas eue suffisamment. Il était important que les femmes partagent leurs expériences, mais un certain nombre d’hommes se sont sentis exclus, alors que la sexualité se passe à deux.
Éduquer à la notion de consentement
Avec le temps, les choses n’ont pas beaucoup évolué dans notre façon d’expliquer la sexualité aux enfants, parce que nous sommes tellement conditionnés. Or, il est nécessaire de parler de ces sujets aux enfants : de sexualité, d’affectivité, mais aussi du consentement. Le consentement, quand on est enfant, c’est déjà avoir le droit de dire non si un copain vous tire les cheveux ou vous touche quand vous n’en avez pas envie.
Dis-moi oui n’est pas un podcast féministe, c’est un podcast sur la sexualité, parfois libérée, parfois pas. Des témoignages pleins de douceur, de fragilité, et d’humour aussi. Le format du podcast donne plus de liberté, parce qu’il n’est pas lié à un diffuseur ; il n’y a pas de ton ni de format imposé. Le ton peut être plus libre, les contenus plus personnalisés.
"Je pense que les podcasts ressemblent souvent aux personnes qui les réalisent".