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Plus de femmes pour gérer les églises, mosquées et synagogues : à Bruxelles, l’obligation est reportée de deux ans

Un minimum de femmes imposé dans les organes de gestion des lieux de culte à Bruxelles.

© Belga

Une obligation reportée au 1er janvier 2025. Cette année devait entrer en vigueur l’obligation pour les établissements de culte reconnus en Région bruxelloise d’avoir des organes de gestion plus mixte. Concrètement : une composition d’un maximum de deux tiers de membres du même sexe au sein des églises, mosquées et autres synagogues.

Pour la Région bruxelloise, il s’agit de favoriser la représentation des femmes, entre autres règles reprises dans la grande réforme de la gestion des cultes adoptée en décembre 2021. Celle-ci prévoit également la mise en place de nouveaux outils comptables, plus de transparence financière et des élections internes plus ouvertes. Des contreparties à l’obtention ou au maintien d’une reconnaissance officielle.

Il est normal que les femmes participent à la gestion de la communauté

Si les cultes ont déjà réalisé des avancées, ils ont demandé un report de la règle visant à une augmentation de la représentation des femmes au sein des organes de gestion. Demande acceptée par la Région bruxelloise et avalisée fin 2022.

Aucun blocage, assure par exemple, Philippe Markiewicz, président de la communauté israélite de Bruxelles. "Par exemple, au sein de la grande synagogue de Bruxelles, le conseil d’administration compte huit membres : deux femmes et six hommes. Les dames sont encore minoritaires mais il y aura une évolution. Le but est qu’il y ait une évolution. Il est normal que les femmes participent à la gestion de la communauté israélite de Bruxelles. Les décisions prises par le gouvernement bruxellois sont bonnes : elles permettent d’équilibrer les sexes. En 2023, nous devons être proches de la réalité de la société, à Bruxelles, capitale de l’Europe."

L’obligation a cependant été postposée de deux ans. "Nous passons de communautés où il n’y avait que des hommes dans le conseil d’administration. C’est difficile pour ces communautés de passer à un tiers de femmes dans un délai aussi court. D’où cette demande de report de deux ans. A la grande synagogue, nous sommes à un quart, pas encore un tiers. L’évolution permettra de respecter la législation bruxelloise. Les dames ont une autre approche des situations, différente de celle des hommes. Leur sagesse nous fait parfois du bien. Elles sont plus pragmatiques, plus accueillantes, plus compréhensives que nous les hommes. Cela crée des liens et facilite les relations avec les fidèles aussi."

Philippe Markiewicz, président de la communauté israélite de Bruxelles.
Philippe Markiewicz, président de la communauté israélite de Bruxelles. © RTBF

On l’a dit : la mesure vise tous cultes reconnus en Belgique, au nombre de six, dont l’islam (une vingtaine de mosquées reconnues à Bruxelles) et le catholicisme (97 églises reconnues sur le territoire des 19 communes). Au sein du culte catholique, les organes de gestion des différents lieux de cultes comptent déjà au moins un quart de femmes, d’après de récentes statistiques.

Le défi : trouver des bénévoles, femmes comme hommes

"Lors du précédent renouvellement des conseils de fabriques d’église (NDLR : appelées aujourd’hui établissements), nous avions déjà soulevé la question d’une plus grande présence des femmes au sein des organes de gestion", rappelle Thierry Claessens, en charge du temporel du culte, au sein du Vicariat de Bruxelles. "Avant 2019, nous recensions 26% de femmes dans les conseils de fabrique, 17% à occuper la présidence, 46% à occuper le secrétariat et 16% à occuper la trésorerie. Nous avons même un établissement de culte où il n’y a que des femmes à la gestion."

L’évolution est donc en marche. "Mais la question s’inscrit dans le défi plus large de trouver des bénévoles, hommes comme femmes, pour gérer nos lieux de culte", insiste Thierry Claessens. "Nous n’avons aucune opposition, bien au contraire, à ce que des femmes prennent des responsabilités dans nos églises. La difficulté n’est pas propre aux lieux de culte, mais aussi aux mouvements de jeunesse, clubs sportifs, etc. Tous ont des difficultés à trouver des bénévoles compétents et capables de donner du temps pour effectuer de la gestion."

Thierry Claessens rappelle également que la mise en place des nouveaux outils comptables, imposés par l’autorité régionale, a pris pas mal de temps. "Nous avons dit à la Région : ne nous rajoutez pas cela en plus ! Si on peut étaler le travail dans le temps, ce n’est pas plus mal. Aujourd’hui, concentrons-nous sur la nouvelle comptabilité, la nouvelle organisation, les nouvelles élections… 'Phasons' les efforts. Car, il faut le rappeler, c’est demander beaucoup à des bénévoles. Une chose à la fois et on y arrivera."

Thierry Claessens, du Vicariat de Bruxelles.
Thierry Claessens, du Vicariat de Bruxelles. © RTBF

Inauguration de la nouvelle mosquée de Court-Saint-Etienne

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