Ce sabotage porte donc la marque d’une attaque militaire, et encore : "toutes les marines ne disposent pas des compétences nécessaires, précise-t-il. On peut imaginer que la marine russe en dispose, comme la marine américaine." "Personnellement, je ne connais pas d’unité qui s’entraîne à ce genre de chose", précise l’ancien marin français.
Quels moyens faut-il mettre en œuvre pour réussir à faire exposer ces gazoducs ? Le spécialiste relève deux difficultés majeures : la profondeur, 70 mètres de fond, et la charge explosive à transporter jusqu’à la cible.
La charge explosive
L’Institut norvégien de sismologie a estimé que la deuxième détonation correspond à l’usage de 700 kilos de TNT. "700 kilos de poids de charge, ça me paraît beaucoup, nuance Philippe Chêne. C’est une évaluation sur base de l’enregistrement de sismographes qui ne font pas la différence entre l’onde de détonation de la charge et celle de la détente du gaz contenu dans le pipeline. Les plus grosses charges militaires se situent autour de 250-300 kilos."
Un sous-marin de poche et des plongeurs de combat ?
70 mètres de fond, "c’est une profondeur qui n’est pas facile d’accès pour des plongeurs", relève le consultant. "Certaines nations disposent de sous-marins de poche avec des nageurs de combat." Il s’agit de petits sous-marins avec un équipage réduit à quelques hommes. Ils peuvent être lancés depuis un bâtiment principal pour atteindre leur cible. "Ils peuvent déposer des charges à cette profondeur. Mais les plongeurs de combat n’échappent pas aux lois de la pression sous-marine. Au-delà de 50 m de profondeur, les plongées deviennent très compliquées au niveau de la sécurité."
Un drone sous-marin ?
"Il y a peu de nations qui sont capables d’utiliser les drones sous-marins pour une opération pareille. On peut imaginer qu’un drone sous-marin a été chargé en explosifs pour venir exploser le long du pipe", estime Philippe Chêne. Le drone peut être lâché à plusieurs dizaines de kilomètres de sa cible pour l’atteindre de manière autonome.