Avant le retour des talibans au pouvoir, Latifa Alizada arrivait à faire bouillir la marmite pour ses trois jeunes fils et son mari au chômage grâce à son salaire d’infirmière à l’hôpital Jamhuriat à Kaboul.
Mais depuis le 15 août et la prise de Kaboul par le mouvement islamiste, l’avenir s’est brutalement obscurci pour la jeune Afghane âgée de 27 ans. Elle a quitté son emploi parce qu’elle n’était pas payée, et en raison des règles de non-mixité et vestimentaires édictées par le nouveau régime.
"J’ai quitté mon emploi parce qu’il n’y a pas de salaire. Il n’y a pas de salaire du tout", explique-t-elle à l’AFP, en tenant par la main deux de ses fils.
"Si j’y vais, ils me disent : 'Ne travaille pas habillée comme ça. Ne travaille pas avec des hommes. Travaille avec des femmes'. C’est impossible", poursuit la jeune femme rencontrée sur un marché de Kaboul. "Pour nous, il n’y a pas de différence entre les hommes et les femmes, car nous sommes des travailleurs médicaux".
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Comme Latifa Alizada, de nombreux Afghans abordent les semaines et les mois qui viennent avec appréhension, inquiets pour leur avenir dans un pays, l’un des plus pauvres du monde, à l’économie ravagée par plus de quatre décennies de conflit.
En quelques semaines, le prix des denrées alimentaires est monté en flèche, le coût du carburant a augmenté et les occasions de se faire un peu d’argent se sont réduites comme peau de chagrin.
Tirant la sonnette d’alarme, les Nations unies ont mis en garde contre "des pénuries alimentaires, une inflation plus élevée et une chute de la monnaie" susceptibles d’aggraver encore un peu plus "l’urgence humanitaire dans tout le pays".