Icône représentant un article video.

Santé & Bien-être

Plan alcool : "l’État est complice de toutes ces mesures qui font qu’on est à près de 10.000 morts par an dus à l’alcool", affirme Martin De Duve

Le focus sur le plan alcool

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Temps de lecture
Par Théa Jacquet sur la base d'une interview de Marie Vancutsem

Ce mardi 28 février marque la fin de la septième édition de la tournée minérale, à laquelle "16 à 17% de la population adulte participent", selon Martin De Duve, directeur d’Univers santé qui a repris l’organisation de ce mois d’abstinence.

Et pour limiter les impacts de la consommation excessive d’alcool sur la santé – rappelons que l’alcool est la deuxième cause de mortalité évitable derrière le tabac -, le gouvernement fédéral s’est lancé depuis quelques années sur l’élaboration d’un "plan alcool". Un projet interfédéral qui tarde à aboutir, puisque la première tentative remonte à 2013.

Pour l’alcoologue et expert en santé publique, invité dans Matin Première, deux facteurs pourraient expliquer ces blocages. "Le premier est l’ancrage culturel de l’alcool. C’est notre drogue culturelle par excellence. […] Il fait partie de notre environnement social, général. L’autre, c’est que les lobbies alcool sont extrêmement puissants, présents et actifs", souligne-t-il.

Après avoir déjà été consultés pour l’élaboration du plan, tous les acteurs du secteur ont été une nouvelle fois entendus en janvier dernier. Et pour les associations du secteur de la santé, qui voient un manque d’ambition de la part du fédéral, c’est la déception. "On avait entre 10 et 15 mesures phares qui nous semblent importantes à mettre en œuvre. Et globalement, aucune de ces mesures ne se retrouve dans ce plan aujourd’hui", regrette le directeur d’Univers santé.

Des mesures "simples" mais rejetées

Parmi ces mesures proposées : un étiquetage clair des boissons alcoolisées. "Aujourd’hui, c’est le seul produit pour lequel il n’y a pas d’étiquetage nutritionnel. […] Vous ne connaissez pas le nombre de calories par 100 ml, vous ne connaissez pas la composition du produit", relève l’alcoologue.

Si cette question se joue davantage au niveau européen, "les États ont aussi la possibilité d’impulser des politiques en matière d’étiquetage", assure Martin De Duve. "Nous demandons à tout le moins que le nombre d’unités d’alcool soit inscrit sur les flacons. Ça paraît tout simple et on ne comprend pas pourquoi d’ailleurs ça bloque parce que tous les acteurs du secteur disent qu’ils sont pour une consommation responsable et modérée."

Car, comme le relève ce dernier, pour pouvoir boire responsablement, encore faut-il savoir ce que l’on consomme. "On est au pays de la bière spéciale. Entre une pils à 25 cl à 5°, qui, effectivement, représente une unité d’alcool, et une trappiste à 9° de 33 cl, il y a un écart de 240%. Donc on fait fois 2,4", précise Martin De Duve.

Une autre mesure proposée qui s’est vue rejetée est de mettre à disposition de l’eau gratuite dans les lieux festifs. Une résistance de la part de l’Horeca ? "C’est vrai que l’Horeca est vent debout contre cette mesure depuis toujours. Pourtant, le gouvernement wallon avait même inscrit ça dans son intention pour cette législature. On sait aujourd’hui que c’est la mesure la plus efficace sur le terrain pour limiter les risques liés à l’ivresse en milieu festif et dans l’Horeca."

Des conflits d’intérêts ?

Qui bloque autour de la table ? Peut-on parler de conflits d’intérêts au sein de certains partis ? Au vu des liens qui existent entre certains politiciens et l’industrie de l’alcool, "on peut s’en inquiéter", ponctue l’invité de Matin Première.

Pour cause, une mesure phare qui consistait "à remplir un registre de transparence des différents contacts pris avec les groupes d’influence, quels qu’ils soient, évidemment les alcooliers mais aussi les acteurs de la santé publique", a été supprimée du plan alcool.

"Pour l’instant, l’État est complice de toutes ces mesures qui n’en sont pas et qui font qu’on est à près de 10.000 morts par an dus à l’alcool en Belgique", conclut Martin De Duve au micro de La Première.

Inscrivez-vous à la newsletter Tendance

Mode, beauté, recettes, trucs et astuces au menu de la newsletter hebdomadaire du site Tendance de la RTBF.

Articles recommandés pour vous