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Philosophie : ouvrir grand les fenêtres, et se dire qu'il y a un monde à rêver pour demain

Tendances Première: Le Dossier

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Comment faire en sorte que les rêves, les idéaux et les grands récits gardent toutes leurs forces mobilisatrices contre le cynisme, la laideur et la banalité du quotidien ? Emmanuel Tourpe, propose de courtes chroniques liant la sagesse philosophique et la communication, "Un temps pour rêver et un temps pour agir" est son troisième essai publié aux éditions Racine. Il enseigne la philosophie et la communication dans plusieurs universités belges et française. Il est l'invité de Tendances Première pour "ouvrir grand les fenêtres, et se dire qu'il y a un monde à rêver pour demain".

Cela nous est tous arrivé, un beau jour. Un constat glaçant. Nous ne nous reconnaissons plus dans notre quotidien, celui qui jour après jour constitue notre unique vie. Comment nos rêves d'avenir enfantins se sont-ils transformés en... ça ? C'est ce que Emmanuel Tourpe décrit à l'ouverture de son recueil. 

"Cela a commencé quand nous avons cru que le réel était plus important que les idéaux. Que le concret l'emportait sur les rêves. Cela s’est achevé au petit matin d’un lundi froid et gris, quand il a fallu admettre, en maugréant, que l’œuvre immense à laquelle nous étions destinés allait s’achever derrière un bureau gris - avec ce patron éteint, et là, derrière mon dos, l’immonde abruti que l’on m’a collé comme collègue" extrait de 'Un temps pour rêver, un temps pour agir" d'Emmanuel Tourpe.

Les calculs ont effacé la création

Cette absence de liberté créatrice pèse sur toute la société. Un système qui s'est imposé avec la révolution technique, il y a 250 ans. On a commencé à calculer, à ramener la magie du monde dans des équations, des calculs, des lois. La modernité a donné un monde qui ne fait que produire des canons et des formulaires. Pourtant, un autre monde est possible. Est-ce qu’on pourrait enfin redonner son pouvoir à l’imaginaire ?

"On est passé de Mai 68, où sous les pavés, il y a avait la plage, à un univers où le pragmatisme, les questions d’inflation et de croissance ont pris le dessus. Il est temps de reprendre les choses par le commencement, c’est-à-dire par l’enfance.  Il est temps de recommencer là où nos vie devrait toujours commencer chaque matin. Cette part de rêve et d’imaginaire. Le pouvoir de se dire à tout moment: un autre monde est possible, et c’est à moi de le construire."

"Nous sommes faits de la même étoffe que les rêves. 

                                                                         William Shakespeare, La tempête

© Kathrin Ziegler via Getty Images

Donner autant de place aux créateurs

Rêver, c'est un exercice mental que chacun devrait s'imposer tous les matin. Il touche chaque individu, son cercle familial et plus largement la société à laquelle il participe. Le monde a besoin d'écrire un récit d’avenir collectif. Economie, enseignement, éducation au media, environnement, les solutions de demain sont dans l'imaginaire et la créativité de tous. 

"Si on n'oublie pas d’ouvrir grand les fenêtres, de se dire qu'il y a un monde à rêver pour demain, dans lequel je me demande quelle sera la place de l’éducation, du théâtre, de la culture et de l’art dans l’éducation ? Est-ce qu’il est possible de ne pas valoriser uniquement le QI intellectuel et rationnel des ingénieurs, mais aussi le QI artistique de ceux qui inventent ? De donner autant de place dans la société à ceux qui créent qu'à ceux qui rapportent et qui calculent. Donner autant de valeur à un poème d’Eluard qu’à un tableau 'Excel' ? Alors je crois que cette matinée commence bien!"

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