Le Grand Dictionnaire des philosophies et des religions, c’est, chaque semaine, un mot, un concept, une idée, et des tentatives de définitions pour éclairer le vocabulaire des philosophies et des religions. Le philosophe André Comte Sponville (auteur d’un Dictionnaire philosophique paru chez PUF) définit cette fois le désir, cette 'puissance de jouir et d’agir'.
Puissance de jouir et d’agir, précise André Comte Sponville, et non pas manque. Il faut insister sur cette dimension. Pour une fois, l’étymologie a tort, puisque ce mot de désir en français vient du latin sidus, sideris, l’astre, l’étoile, et le dé indique l’absence. Autrement dit, le désir serait le manque d’une étoile, l’inaccessible étoile, que chantait si bien Jacques Brel.
Et ça, je crois que c’est un piège mais que ce piège est souvent notre vie même, parce qu’il est vrai que, le plus souvent, nous désirons ce que nous n’avons pas, ce qui nous manque. Et donc forcément, on est séparé du bonheur, puisqu’on se dit : qu’est-ce que je serais heureux si j’avais ceci ou cela ! Mais on ne l’a pas, puisqu’on le désire, puisque ça manque. Si bien que nous sommes séparés du bonheur par le désir même qui le vise au futur, autrement dit par l’espoir même qui le vise.