Pour le philosophe Matthieu Peltier, il n'existe aucun sujet qui ne soit pas digne de philosophie, c'est-à-dire digne d'une prise de recul sur le sens de ce que nous faisons et de ce que nous disons. Si nous aimons tous tellement parler de la météo, c'est qu'il doit bien y avoir un sens à cette discussion ritualisée, que l'on répète inlassablement avec nos voisins, le chauffeur de taxi ou à la boulangerie ! Pourquoi cet attrait généralisé pour l'échange sur le temps qu'il fait ?
C'est peut-être, comme le dit Roland Barthes, pour créer du lien. Parce que créer du lien, ça commence par parler pour ne rien dire, du moins en apparence. C'est ce que les linguistes appellent la fonction phatique du langage. C'est une fonction qui sert à conserver le contact avec notre interlocuteur. C'est vraiment notre monde commun qu'on met en place lorsque l'on parle de la météo et du temps qu'il fait.
En fait, se retrouver seul avec une personne inconnue est un véritable défi de communication. La fonction phatique nous permet en quelque sorte de dire à l'autre : tu es là, je te considère, je m'ouvre à toi et je crée avec toi du lien.
C'est un peu comme la locution 'allô' que l'on dit au téléphone. En soi, dire allô ne signifie rien. C'est un mot dont l'utilité principale est la fonction phatique, c'est-à-dire de créer la communication. Dire allô, c'est dire : je suis là, je te prête attention, je t'écoute.