Dans notre société, la naïveté fait référence à une forme d'ignorance, d'inexpérience, de crédulité. Mais la lucidité est-elle vraiment préférable ? Explications dans la chronique 'La philo selon Matthieu'.
"Puis-je croire que je peux faire confiance à l'entrepreneur qui vient isoler mon toit ou dois-je nécessairement m'en méfier en pensant que seul l'argent l'intéresse ? interroge le philosophe Matthieu Peltier, à qui on reproche parfois d'être trop naïf. Peut-on parfois penser qu'un politicien est animé de bonnes intentions ou faut-il nécessairement penser que tout chez lui n'est que stratégie de communication ?"
Bergson disait qu'on mystifie les naïfs, eux qui n'ont rien d'autre que des illusions à vendre. Le naïf semble être celui qui prend ses désirs pour des réalités. Mais ce n'est pas nécessairement le cas.
"Si on part du principe que le naïf est celui qui juge mal la réalité, alors on peut très bien penser qu'il existe aussi une naïveté du pessimiste. Pour le philosophe Maurice Bellet, quelqu'un qui juge trop négativement la réalité souffre également d'une sorte de naïveté. Pourquoi la lucidité impliquerait-elle de voir nécessairement les choses négativement ?"
On peut très bien penser que l'individu méfiant, persuadé qu'on cherche systématiquement à l'arnaquer, est en quelque sorte naïf, au sens qu'il juge mal la réalité quand ce n'est pas le cas.