Après maintes prestations sur les planches, Philippe Noiret se sent un peu à l’étroit au théâtre d’autant que le cinéma lui fait du pied. Il se lance dans l’aventure et obtient en 1955, un premier rôle dans le film d’Agnès Varda, " La pointe courte ". L’artiste continue, faute de sollicitation du 7ème art à monter sur la scène des théâtres jusque dans les années 60. A partir de cette décennie, les rôles vont s’enchaîner mais son ascension va prendre du temps. A l’époque de l’avènement au cinéma de la nouvelle vague avec des cinéastes comme Truffaut ou Godard, Noiret tourne avec l’ancienne génération de réalisateurs, avec René Clair, Jean Delannoy,…On le voit dans " Zazie dans le métro " de Louis Malle, dans " La ravissante " de Robert Lamoureux ou encore dans " Capitaine Fracasse " de Pierre-Gaspard-Huit dont Jean Marais est la vedette. Bref, l’acteur se cantonne à des seconds rôles. Et c’est sa prestation en 1968, dans " Alexandre le bienheureux " d’Yves Robert qui le révèle au public mais aussi aux grands hommes du 7ème art. Remarqué par Alfred Hitchcock, il est à l’affiche l’année suivante de " L’étau " avec Michel Piccoli. Il retrouve ce dernier en 1973, dans le très controversé " La grande bouffe " de Marco Ferreri où il joue également aux côtés d’Ugo Tognazzi , de Marcello Mastroianni et de son épouse, Monique Chaumette, des bourgeois qui se tuent à force de s’empiffrer.
Il poursuit une carrière en Italie et tourne avec Scola ou Monicelli. Au même moment, il devient le comédien fétiche de Bertrand Tavernier qui le dirige dans " L’horloger de Saint-Paul " ," Coup de Torchon " et " La fille de d’Artagnan ". Mais personne n’oublie " Le vieux fusil " et son rôle de chirurgien qui rêve de vengeance devant l’assassinat par les S.S, dans des conditions épouvantables de son épouse et de sa fille. Il obtient pour son jeu dans le film de Robert Enrico, le César du meilleur acteur en 1976. Il reçoit cette même récompense en 1990 pour " La vie et rien d’autre " de Bertrand Tavernier. On retiendra aussi le projectionniste qu’il incarne dans " Cinema Paradiso " de Guiseppe Tornatore et " Le facteur " de Michael Radford où il campe le poète chilien, Pablo Neruda. Incontournable également dans le genre un peu plus léger, la trilogie des " Ripoux " de Claude Zidi avec Thierry Lhermitte et la chanteuse Régine. En 1996, grâce à Patrice Leconte et son long métrage " Les grands ducs ", Philippe Noiret retrouve ses copains de toujours qui ont suivi le même parcours artistique, Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle. Il apparaît en 2006 dans la comédie de Michel Boujenah " 3 amis ", Boujenah qui l’avait dirigé auparavant dans " Père et fils ". Ce sera son dernier rôle. Philippe Noiret s’éteint le 23 novembre. L'homme, l'artiste qui a eu du mal à accepter son physique est parvenu à crever l'écran et est devenu un monstre sacré du cinéma français. Il est par ailleurs, l’acteur de plus de 110 films. A sa mort, le président Jacques Chirac déclarera : " C’est un géant qui nous quitte".