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Fils de prolétaire, récit autobiographique du photographe belge Philippe Herbet

Fils de prolétaire, couverture, gare de Kazan

© Philippe Herbet

Par Pascal Goffaux via

Philippe Herbet est né en Belgique en 1964. Les parents s’installent à Seraing en 1966. Le père, mécanicien, travaille dans l’usine métallurgique "qui nourrit et dévore les habitants de la région". La mère, femme d’ouvrage, est "une jolie feuille de houx, un gentil lieu commun, une guimauve sentimentale". L’adolescent a honte de son milieu classé en bas de l’échelle sociale. "Plus bas, il y a ces chiens sans collier dont parle Gilbert Cesbron".

Philippe Herbet étudiera la photographie à l’Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc à Liège. Il voyagera en Orient et il photographiera les gens.

Récit d'un photographe

Fils de prolétaire est un récit autobiographique de l’enfance sans aucune insertion d’image. Une seule photo figure sur la première de couverture. Elle a été prise dans la gare de Kazan à Moscou. Un homme vu de dos marche sur un quai. Il quitte une zone d’ombre. Il se dirige vers la lumière. La personne occupe un espace entre deux. Philippe Herbet n’a vécu ni une enfance malheureuse ni une enfance radieuse. Le temps a passé. Il considère aujourd’hui que "ce n’était pas mal".

Les Golden Sixties

Les Golden Sixties offrent un cadre sociologique au récit. Les lecteurs de la génération de Philippe Herbet imaginent aisément l’époque. L’oncle du gamin est la copie conforme d’Elvis. Le père emploie la lotion capillaire Pétrole Hahn. Stone et Charden chantent Il y a du soleil sur la France dans des shows télévisés et les routiers sont sympas sur RTL.

L'enfance retrouvée

Philippe Herbert est né avec l’œil gauche fermé. Le photographe garde un œil clos et l’autre ouvert, vissé sur l’oculaire de l’appareil. La pratique photographique lui permet aujourd’hui de revivre des temps de l’enfance : " " A Oussouriisk, à soixante kilomètres de la frontière chinoise, dans le potager d’une datcha, je retrouve le goût des petites fraises que cultivait mon grand-père ; la sortie des ouvriers parmi lesquels je guette mon père à Traktorny Zavod à Minsk ; mes promenades dans un froid glacial le long de la voie ferrée à la gare de Kazan à Moscou… ".

Fils de prolétaire, de Philippe Herbet, paraît aux éditions arléa, dans la collection La rencontre. L’écriture délicate parvient à ressusciter la magie d’un quotidien extraordinairement banal, celui d’un gamin poète qui rêve la vie, en marge de sa famille. Il regarde dans un verre de limonade les bulles qui montent du fond et éclatent à la surface comme des souvenirs.

Philippe Herbet au micro de Pascal Goffaux.

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